À droite la question ne se pose pas. Par contre, on peut être de gauche en Espagne, c’est-à-dire être pour le progrès, pour l’égalité, pour les droits humains et pour une approche toujours humaine des questions sociales complexes, mais garder un solide fond colonialiste. Surtout quand il s’agit du Maroc, de Sebta et de Melillia. On peut être un fier militant régionaliste ou, même, séparatiste, communiste ou anti-monarchiste, et rester attaché au fait colonial espagnol dans sa magnifique splendeur rétrograde. On peut être un grand chercheur, un grand universitaire, un grand homme de médias, un grand écrivain, un grand homme de science, un homme de culture et de création, mais, quand il s’agit de Sebta et de Melillia, on devient, par atavisme, un petit colon de base au garde-à-vous devant une cause injuste. Cette névrose «marocaine» est un attribut de l’identité espagnole. C’est, presque, un marqueur. Le choix de la démocratie, l’ouverture sur l’Europe, l’enracinement dans la modernité n’effacent pas cette «pathologie», hélas, structurante. On fait avec. Sauf que la déclinaison sociale de cette maladie du passé produit aujourd’hui le racisme, la haine, l’exclusion, la discrimination… Le roi Juan Carlos en se prêtant — de bon ou de mauvais gré — à cette mascarade coloniale n’arrange pas les choses. Il se sort peut-être d’une mauvaise passe politique, mais, velléitaire, il tourne le dos à l’avenir.









