Le décès à 68 ans de Mohamed Bouzoubaâ, l’ex-ministre de la Justice, n’a pas surpris. Tout le monde savait, depuis longtemps, qu’il combattait courageusement «une longue maladie». Le départ d’un homme de cette trempe et de cette qualité laisse, tout de même, toujours, un grand vide. Mohamed Bouzoubaâ est la figure la plus accomplie de ce que l’on peut appeler le socialisme gouvernemental dans notre pays. Il est à lui seul emblématique de cette conversion, au cours des années 90, des militants d’opposition de gauche à l’exercice du pouvoir et des responsabilités. Ils sont quelques-uns, comme cela, à avoir démontré un sens élevé du devoir au service loyal d’un Etat qu’ils ont — pendant une longue période de leur jeunesse — voulu tout simplement renverser. Mohamed Bouzoubaâ, avocat et militant des droits de l’Homme, connaissait bien la justice et «la longue maladie» qui la ronge aussi. À l’instar de ses prédécesseurs, il n’a pas réussi à reformer d’une manière décisive ce département ministériel. Pour cela, il lui aurait fallu plusieurs vies. Quelques dossiers importants ont jalonné sa carrière de Garde des Sceaux. L’amélioration de la situation matérielle des magistrats. Le lancement des juridictions de Commerce. Le lancement d’une nouvelle justice familiale. Le jugement des individus impliqués dans des affaires de terrorisme. Et des tâtonnements malheureux dans des procès de presse qui ont fait un grand bruit inutile. L’homme était d’une grande qualité humaine et professionnelle, il mérite notre reconnaissance.









