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Ça communique mal chez le gouvernement

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Les Marocains assistent, depuis quelques jours, à un déploiement des forces de sécurité, toutes branches confondues, dans les principales artères des villes marocaines. Cette forte mobilisation fait l’objet de plusieurs interrogations de l’opinion publique quant à ses raisons. Des interrogations qui trouvent leur réponse dans la rumeur faute d’une communication officielle sur la question. Ainsi, plusieurs interprétations circulent parmi la population. Elles vont de la menace terroriste imminente à la simple mobilisation conjoncturelle à l’occasion des fêtes de fin d’année. Il se pose donc un problème de communication au Maroc. Ce n’est pas nouveau puisque tous les gouvernements marocains qui se sont succédé au Maroc n’ont jamais pu remédier à cette carence en matière de communication. Aujourd’hui, ce problème se pose à plusieurs niveaux. Outre l’absence d’une politique de communication dirigée vers le citoyen, le problème existe même au sein du gouvernement lui-même dont la plupart des membres ne sont généralement pas tenus au courant de ce qui se passe. Enfin, le problème se pose aussi entre l’exécutif et le législatif puisque les députés de la nation se plaignent du fait que l’exécutif ne prend jamais l’initiative de les informer sur ce qui se passe dans le pays notamment en matière de sécurité. S’agissant de l’opinion publique, le gouvernement n’a pas de stratégie de communication. Qu’il s’agisse des grandes affaires de l’Etat ou de simples affaires publiques à caractère local, il n’existe pas d’organe chargé de communiquer. Les différents départements du gouvernement, les préfectures, les communes ou même les services de sécurité hésitent toujours malgré l’évolution du pays à se doter de porte-parole chargés de communiquer sur les différentes questions intéressant l’opinion publique. Les médias, qui ont la mission d’informer l’opinion publique sur ce qui se passe dans le pays, se trouvent généralement confrontés à l’absence d’interlocuteur. L’exemple de l’actuelle mobilisation sécuritaire est très significatif à ce propos. À qui la presse peut-elle s’adresser pour poser la question sur les raisons de ce déploiement des forces de sécurité ? Il n’existe aucun organe officiel chargé de cette mission. Et en absence d’un tel organe, la porte reste ouverte devant la prolifération des rumeurs. Et si les journalistes se plaignent de l’absence de porte-parole officiels capables d’assouvir leur soif d’information et via eux celle des citoyens, le problème se pose aussi chez les membres du gouvernement. Ces derniers se plaignent à leur tour du fait que leurs collègues chargés des grands dossiers de l’Etat ne les informent pas sur les derniers développements. Ainsi, en dehors des ministres chargés du dossier, aucun ministre ne peut prétendre être informé sur les raisons de l’actuelle mobilisation des forces de sécurité du pays. Au niveau législatif, le problème se manifeste à deux niveaux. D’un côté, l’absence d’une circulation de l’information de l’exécutif vers le législatif et, d’un autre côté, il y a l’inexistence d’une réaction immédiate des députés face à tout événement nouveau intéressant la situation sécuritaire du pays. On constate que durant les deux dernières semaines, c’est-à-dire depuis le début de la mobilisation des forces de l’ordre, aucun député, des deux Chambres, n’a pris l’initiative de poser une question orale ou d’actualité sur les raisons de ce déploiement. Ce manque d’initiative atteste de l’indifférence des représentants de la nation vis-à-vis d’une question nationale aussi importante que la sécurité des citoyens. D’autre part, l’absence d’une « Commission parlementaire des secrets-défense » rend difficile toute communication sur les dossiers spéciaux même s’il existerait une volonté de la part des responsables des départements concernés de renseigner les députés sur l’évolution de la situation. Enfin, il est temps que le gouvernement se mette à réfléchir à une nouvelle approche en matière de communication et à commencer à créer des canaux d’information destinés à répondre aux interrogations de l’opinion publique.

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