Société

Le commerce extérieur

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Thami Ghorfi : Monsieur le ministre, je voudrais que nous commencions par le rappel de quelques éléments clés sur le commerce extérieur marocain.
Mustapha Mechahouri : Tout d’abord, je vous remercie d’avoir choisi le commerce extérieur pour votre thème. Je donnerai quelques chiffres importants : • le chiffre d’affaires global du commerce extérieur en 2002 a été de 215 milliards de dirhams, dont 86 milliards au titre des exportations et 129 milliards de dirhams au titre des importations. • 75% de ce commerce extérieur se fait aujourd’hui avec l’Union européenne. Quand je dis l’Union européenne, je pense tout particulièrement à la France qui est notre partenaire principal, pour des raisons à la fois historiques, politiques et linguistiques, suivie de l’Espagne mais aussi de l’Italie et surtout de la Grande Bretagne qui commence à grignoter quelques points au niveau du commerce extérieur, et du Portugal.
Justement, l’Union européenne qui représente 75% de nos échanges internationaux est en phase de se préparer à un élargissement. C’est un événement important pour l’Union européenne mais comment devons-nous interpréter cet événement ? Comment les opérateurs doivent le vivre ? Est-ce que c’est plutôt une opportunité ou une menace ?
Mustapha Mechahouri : Effectivement, tout le monde sait qu’à partir du 1er mai 2004, dix pays de l’Europe de l’Est vont intégrer l’Union européenne. Cette Union va passer de 15 à 25 pays. Cet élargissement présente des défis, il faut le dire, mais également des opportunités pour le Maroc. Des défis en ce sens que sur un certain nombre de secteurs, il faut s’attendre à ce que ces pays de l’Est puissent concurrencer le Maroc. Je pense plus particulièrement à la sidérurgie et au textile. Mais, ces pays de l’Est qui constituent aujourd’hui 100 millions de consommateurs supplémentaires représentent une opportunité qui s’offre aux opérateurs économiques, notamment sur le plan agricole. Probablement, le problème de quotas que nous avons aujourd’hui au niveau de la tomate, avec l’Union européenne, pourrait trouver une solution avec l’élargissement de l’Union mais également le tourisme.
Justement, ces dix pays nouveaux qui entrent dans l’Union européenne, pour aller les approcher, c’est plutôt une affaire de soutien de l’Etat ou des opérateurs ?
Mustapha Mechahouri : Je peux vous affirmer que depuis que je suis ministre du Commerce extérieur, j’ai reçu un certain nombre de ministres des pays de l’Est qui sont venus connaître le Maroc et identifier les opportunités de partenariat et d’échanges. De l’autre côté, nous n’allons pas rester les bras croisés. Nous avons programmé en 2004, avec un certain nombre de départements ministériels, d’aller visiter et connaître les possibilités qu’offrent ces pays de l’Est, et ce ne seront pas des missions d’administration mais des missions avec des hommes d’affaires de telle manière que les opérateurs économiques marocains puissent connaître et découvrir ces 10 pays de l’Est, qui constituent, comme je vous l’ai dit, un potentiel important pour notre économie.
Est-ce que les quotas seront rediscutés sachant, comme vous nous l’avez dit, qu’il y aura 100 millions de consommateurs supplémentaires. Est-ce que cela sera l’objet de re-discussions avec l’Union européenne ?
Mustapha Mechahouri : Vous savez que nous avons aujourd’hui un accord d’association avec l’Union européenne, le Maroc a demandé d’avoir un statut avancé par rapport à cet accord d’association, c’est à dire plus qu’une association et moins qu’une adhésion. Cet accord d’association, à partir de l’adhésion des pays de l’Est, va être réajusté aussi bien en ce qui concerne le démantèlement tarifaire que les quotas. C’est tout à fait normal que les quotas qui ont été définis, pour les 15 pays de l’Union européenne aujourd’hui, soient revus à la hausse et ceci au profit d’un certain nombre de secteurs marocains notamment l’agriculture.
Justement, concernant l’élargissement, peut-on imaginer une logique de flux d’investissements vers le Maroc ?
Mustapha Mechahouri : Je pense que des opportunités s’offrent de part et d’autre. Pour le Maroc, au niveau des exportations, nous allons certainement avoir des possibilités supplémentaires par rapport à ce que nous faisons aujourd’hui. Mais en matière d’investissements, il faut s’attendre à ce que ces pays investissent au niveau du Maroc et des pays de l’Afrique du Nord d’une façon générale. D’autant plus que, dès l’adhésion de ces pays, leur niveau de vie va certainement augmenter et cette augmentation va avoir un impact sur les coûts de production. Il n’est donc pas exclu de voir, dans deux ou trois années, la délocalisation d’un certain nombre d’unités de fabrication qui quitteraient l’Europe de l’Est pour venir s’installer en Afrique du Nord et pourquoi pas, du Maroc.
Vous avez effectué deux missions en Afrique, qu’est-ce que vous ramenez comme idées et comme opportunités pour nos entreprises ?
Mustapha Mechahouri : Effectivement, j’ai effectué deux missions en Afrique depuis que j’assume la responsabilité de ce ministère. J’ai accompli une visite à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires à Dakar et à Bamako et je me suis rendu compte des opportunités d’affaires qui existent au niveau de ces deux pays et je généraliserai pour dire au niveau de tous les pays d’Afrique, notamment de l’Afrique subsaharienne. Je voudrais également préciser que dans le cadre de la déclaration gouvernementale, un intérêt particulier est accordé aujourd’hui à la diversification des marchés. Il est vrai que jusqu’à présent, nous avons tourné le dos à l’Afrique, nous regardons même de moins en moins vers la droite et vers la gauche. Aujourd’hui, dans le cadre de cette déclaration, le gouvernement est en train de travailler pour une diversification de ces marchés dont le marché africain fait partie.
En définitif, vous dites à nos opérateurs qu’il y a des marchés et des opportunités et qu’il faut y aller.
Mustapha Mechahouri : Je ne le dis pas, je l’ai constaté de visu. Je l’ai ressenti au niveau des discussions que j’ai eu avec les responsables ministériels au niveau des pays que j’ai visités. Il existe en Afrique énormément d’opportunités, non seulement d’exportations, mais également d’investissements et j’invite et encourage nos opérateurs économiques à aller réaliser un certain nombre d’opérations. Ce qui est extraordinaire, c’est que les pays africains sont eux-mêmes demandeurs.
Où en sommes-nous dans les discussions avec les Etats-Unis d’Amérique pour la construction de cette zone de libre-échange et quelles sont les prochaines étapes ?
Mustapha Mechahouri : Ce projet d’accord de zone de libre-échange avec les Etats-Unis est une décision qui a été prise par le président Bush et Sa Majesté Le Roi Mohamed VI. C’est un accord qui est important pour notre économie et après le sixième round qui a eu lieu, il y a quelques semaines, un septième round est prévu pour début janvier 2004. Il est certain que cet accord, qui aura des effets bénéfiques pour le Maroc notamment dans le cadre de l’investissement et du transfert des technologies et de la création de partenariat entre les opérateurs marocains et américains, sera certainement signé vers le mois d’avril 2004.
L’événement majeur de la place financière de Casablanca c’est la levée de fonds de RISMA Quels ont été les résultats de cette opération ?
Younès Benjelloun : RISMA a en effet lancé une émission obligataire remboursable en actions qui a été souscrite à 201,5 million de dirhams ce qui est un succès pour cette opération dont le minimum souhaité était de 150 millions de dirhams.
Alors, justement vous nous parliez d’émission d’obligations remboursables en actions, comment se feront les négociations en Bourse ?
Younès Benjelloun : Ces obligations sont effectivement cotées à la Bourse de Casablanca, vous- même et vos éditeurs, vous pouvez les acheter sur le marché de Casablanca. Ce produit vous permet de gagner 4,5% l’an à travers un coupon d’intérêt et si vous les garder pendant 2 ans et demi vous vous retrouverez au bout de cette période détenteurs d’actions RISMA dont vous serez actionnaires.

• Cette émission sera rediffusée ce soir sur les ondes de Médi1 à 22 heures

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