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SDF et mal logés, héros médiatiques de l’hiver parisien

C’est devenu presque une incontournable tradition parisienne. A l’approche des fêtes de Noël, qui coïncident généralement avec une chute vertigineuse du thermomètre, les tentes rouges des sans domicile fixe (SDF) fleurissent un peu partout sur le bitume de la capitale. Le débat politique et économique tourne principalement sur les capacités d’hébergement d’urgence de l’Ile de France et les mal logés chroniques des grandes agglomérations. La larme à l’œil, de la compassion démesurée dans le commentaire, des images à faire frémir les cœurs les plus solides, les journaux télévisés servent quotidiennement des histoires de SDF errant dans les cages d’escaliers et les ruelles glaciales. Les journalistes de la presse écrite populaire se découvrent brusquement des âmes d’aventuriers et expérimentent la dure épreuve de la nuit à la belle et froide étoile. Et ils racontent l’insoutenable froid qui traverse les os et congèle la moelle épinière, la non moins insoutenable indifférence sociale, des tranches de vie d’hommes et de femmes qui s’engouffrent dans une mortelle précarité.
Et alors que l’on s’attendait à ce que Nicolas Sarkozy, adorateur invétéré des flashs qui crépitent, des opérations de descente coup de poing sous le regard des caméras à la fois complices et admiratives, prenne ce dossier à bras le corps comme il l’avait fait avec les pécheurs en détresse, le voilà qui délègue la thérapie de cette crise au Premier ministre François Fillon et la ministre du Logement Christine Boutin. Après un bras de fer musclé avec des associations de SDF qui tentaient de planter leurs tentes à des endroits visibles et médiatiques, après une polémique sur les places d’hébergement disponibles pour accueillir les SDF, François Fillon propose la signature d’un contrat entre le gouvernement et ces associations : «On a décidé avec les associations, avec Mme Boutin et M. Hirsch, de nommer (…) un parlementaire en mission dont l’objectif va être avant le 15 janvier de rédiger une sorte de contrat entre les associations et le gouvernement avec des objectifs précis de résultats». Le tout avec un ultimatum et une date rendez-vous : «Le 15 janvier, je réunirai à nouveau les associations dans les mêmes conditions pour se mettre d’accord sur ce contrat. L’objectif, il est simple : il ne faut pas que des personnes soient contraintes de dormir dans la rue».
Ce milieu des SDF et de mal logés a ses stars et ses célébrités. Parmi ceux qui ont le plus crevé l’écran ces derniers temps se trouve Augustin Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte, une association qui s’est spécialisée dans les opérations coup de poing pour sensibiliser l’opinion sur le sort des SDF et de l’incapacité des gouvernements successifs à tenir leurs promesses. Augustin Legrand , comédien de profession, avait connu sa véritable gloire lorsqu’il y a un an il avait réussi à installer des tentes pour SDF sur le canal Saint Martin, mobilisé les célébrités et les medias, incité les «bien logés» à vivre l’expérience de la précarité et obligé les pouvoirs publics à ouvrir des négociations et s’engager dans des solutions. Son succès et sa popularité étaient tels que Christine Boutin, ministre du Logement lui offre en septembre dernier le poste de chargé de mission pour mettre en œuvre le plan Grand Froid. Proposition qu’il décline. Il a tenté cette année de réitérer l’exploit du Canal Saint Martin sur les bords de la Seine, à proximité de Notre Dame.
L’autre symbole de la contestation de ce milieu est constitué de trois lettres «Dal» (droit au logement), une association spécialisée dans le squat forcé et qui fait cauchemarder tous les propriétaires d’immeubles vides. Son porte parole Jean Baptiste Eyraud se plait de l’attitude de François Fillon : «Nous avons été mis délibérément à l’écart (…) Ce que je vois surtout, a ajouté Jean-Baptiste Eyraud, c’est que le gouvernement a réussi à désamorcer le mouvement des sans-abri pendant les fêtes».
La crise des SDF était du pain béni pour l’opposition socialiste. Un porte-parole du PS, Benoit Hamon, fait ce constat : «La réalité, c’est que plus de 7.000 personnes dorment dehors à Paris. Le droit opposable au logement ne veut rien dire s’il n’y a pas de logement (…) Un droit au logement non suivi d’une politique de construction n’a aucun sens, et l’agitation de  Mme Boutin ne masque pas la réalité du manque de logements d’urgence» et de réclamer «la réquisition des logements vides, la construction de logements sociaux avec une ambition décuplée et la multiplication des places d’hébergements d’urgence».

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