La brouille actuelle entre le Maroc et le Sénégal ne peut effacer la réalité dense, multiforme, fraternelle et multiséculaire des relations entre les deux pays. Ces deux pays, à l’évidence, ont un «sang-mêlé» qui détermine, au-delà des conjonctures, les rapports entre les deux peuples, essentiellement, et entre les deux Etats, ensuite. La position du PS sénégalais, quant à elle, est la conséquence directe du soutien matériel apporté par l’Algérie à ce parti lors des dernières élections présidentielles – perdues par ce même parti. Le candidat socialiste avait déjà en reconnaissance à ses bienfaiteurs adopté des prises de positions anti-marocaines à partir de Tindouf. C’était le prix à payer. La réplique de Tifariti fait partie, certainement, du service après-vente. Le Maroc a refusé de participer à cette enchère avec mise à prix. Par contre, la réaction marocaine de rappel de l’ambassadeur, on peut le concevoir, est, probablement, disproportionnée. Elle doit signifier, au-delà des faits récents, autre chose. L’argument sénégalais de dire que l’ambassadeur marocain n’est pas accrédité auprès du PS sénégalais pour être rappelé est recevable. Comme le PS sénégalais est libre d’avoir les positions qu’il veut surtout si, moralement, elles sont douteuses. Mais sur le fond, c’est sur le volet commercial bilatéral qu’il faut aller chercher des débuts de réponse à cette crise passagère. Sur Air Sénégal International (ASI), par exemple, nos amis sénégalais veulent, légitimement, une participation majoritaire dans le capital — et le management qui va, naturellement, avec — mais, avec une caution financière de la RAM donc de l’Etat marocain. Cet écart, surtout dans le domaine aérien, au principe de «celui qui gère est celui qui cautionne» pose de nombreux problèmes. Voilà comment une belle réussite aboutit à une crise diplomatique. La COMANAV, quant à elle, est une victime collatérale de cette scène de ménage familiale.