Un vaste réseau terroriste vient d’être neutralisé au terme d’une enquête qui s’est soldée, lundi soir, par l’arrestation des deux dirigeants du parti islamiste « Al Badil Al Hadari » (Alternative civilisationnelle), en l’occurrence Mohamed Amine Ragala et Mustapha Moâtassim. Le même soir, les services de police de Casablanca ont interpellé Hicham Griouani, officier de police principal, pour divulgation du secret professionnel. Un communiqué de la DGSN, rendu public lundi soir, a affirmé que « l’intéressé, sans se soucier de la portée préjudiciable de son acte, qui est de nature à entraver le déroulement d’une enquête judiciaire en cours, s’est permis de divulguer des informations de nature à éveiller les soupçons d’autres complices non encore appréhendés ». « Il leur a ainsi offert l’occasion soit de se soustraire à la justice, soit de détruire des preuves susceptibles d’être encore en leur possession à même d’aider les enquêteurs dans leurs investigations tendant à la manifestation de la vérité », explique le communiqué de la DGSN. L’intéressé, en fonction au port maritime de Casablanca, aurait informé un quotidien arabophone du contenu d’un message qu’il venait de recevoir des services compétents lui notifiant l’interdiction de quitter le territoire national pour certaines personnes dont MM. Ragala et Moâtassim.
Le journal en question contacte les intéressés pour solliciter leur commentaire sur cette décision. Mais, il s’avère que les deux responsables islamistes ne savaient pas encore qu’ils faisaient partie des personnes faisant l’objet d’une enquête menée par les services de sécurité. Mais, ils savaient, par contre, qu’une enquête était en cours et que leurs noms pouvaient être cités à n’importe quel moment. En effet, depuis que la presse islamiste notamment du PJD avait commencé à parler d’ «enlèvements de militants islamistes par les services de sécurité», les noms cités avaient mis la puce à l’oreille aux deux dirigeants islamistes. Ils en connaissaient certains. L’appel émanant du journal pousse donc les deux à se précipiter chez eux pour, apparemment, tenter de détruire des preuves. Mais, ils n’auront pas le temps, ils seront appréhendés, simultanément, vers 18 heures et des documents seront saisis à leurs domiciles respectifs. La maladresse de l’officier de police a donc obligé les enquêteurs à précipiter les choses et à passer à une vitesse supérieure.
Par ailleurs, la police judiciaire de Casablanca a procédé à l’arrestation d’un troisième suspect, Mohamed Merouani, président fondateur du «parti» non autorisé appelé «Mouvement pour la Oumma», devenu «Parti de la Oumma». M. Merouani avait été avec MM. Ragala et Moâtassim, à l’origine du parti «Al Badil Al Hadari», créé en 1996, avant de faire route à part et créer, en 1997, le «Mouvement pour la Oumma». L’arrestation des trois dirigeants islamistes s’inscrit dans la foulée d’une enquête judiciaire qui a abouti, durant les dix derniers jours, à l’arrestation de 23 suspects dans les villes de Kénitra, Salé et Casablanca. L’enquête, qui se poursuit sous l’autorité du procureur général compétent, permettra de déterminer les «ramifications» de ce réseau et ses «connexions» avec des organisations, autorisées ou non, qui s’activent au Maroc, notamment le parti «Al Badil Al Hadari» et «le parti de la Oumma». Le SG du parti «Al Badil Al Hadari», Mustapha Moâtassim, était soupçonné par les services de sécurité de vouloir introduire le chisme au Maroc. Il aurait toujours eu des liens avec des dignitaires religieux de l’Iran. Ses relations avec l’aile radicale de la défunte Chabiba islamiya (Jeunesse islamique) de feu Motiâ, à laquelle d’aucuns prêtaient la responsabilité de l’assassinat du directeur du quotidien socialiste «Al Moharrir», Omar Benjelloun, ne sont un secret pour personne. Ses «frères d’armes», MM. Ragala et Merouani, étaient également connus pour leur «appartenance à la branche radicale» de la Chabiba islamiya. Mais les suspects ont opéré, à partir de la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix, un impressionnant «virage» en s’ouvrant notamment sur des composantes de la gauche dite d’opposition, dont le Parti socialiste unifié (PSU). Pour rappel, le «parti de la Oumma» avait tenu courant 2007 son congrès constitutif au siège du PSU, après que les autorités aient interdit son organisation dans une salle publique. Idem pour «Al Badil Al Hadari» qui a tenu son premier congrès extraordinaire au siège casablancais du PSU, lors duquel il a fait sa «profession de foi démocratique». Le même parti s’est présenté au scrutin législatif de 2007. Mais, il n’a remporté aucun siège.