Silvio Berlusconi a promis dès mardi de s’appuyer sur sa nette victoire aux législatives en Italie pour fermer la frontière à l’immigration clandestine et lancer une campagne contre l’insécurité et l’«armée du mal».
Dans des propos largement susceptibles d’être applaudis par son allié xénophobe de la Ligue du Nord, qui est sorti renforcé du scrutin de dimanche et lundi, le milliardaire conservateur a placé la lutte contre l’immigration clandestine et l’insécurité comme ses priorités. Il a également promis, en tant que probable futur président du Conseil, de régler la crise du traitement des déchets à Naples et de sauver la compagnie aérienne Alitalia. «L’une des premières choses à faire est de fermer les frontières et de mettre en place davantage de camps pour identifier les ressortissants étrangers qui n’ont pas d’emploi et sont acculés à la criminalité», a-t-il dit à la télévision.
«Deuxièmement, il nous faut davantage de policiers de terrain pour constituer une armée du bien sur les places et dans les rues pour s’interposer entre le peuple italien et l’armée du mal», a-t-il ajouté. Selon les derniers résultats communiqués par le ministère de l’Intérieur, la droite italienne recueille au total autour de 47% des suffrages. La gauche obtient autour de 38%. Avec un total de 340 élus à la Chambre des députés, qui en compte 630, le Peuple de la liberté (PDL) – nouvelle alliance de droite du «Cavaliere» – et ses alliés de la Ligue du Nord et du MPA disposent d’une solide majorité. La coalition de gauche, qui regroupe le Parti démocrate de Walter Veltroni et le mouvement Italie des valeurs (IDV) de l’ancien magistrat anti-corruption Antonio di Pietro, n’obtient que 239 députés. Au Sénat, qui regroupe 315 membres élus et sept sénateurs à vie, la coalition de Berlusconi obtient 171 sièges contre 130 pour l’alliance de Veltroni. Par contraste, le gouvernement sortant de Romani Prodi ne disposait depuis 2006 que d’une majorité de deux sièges au Sénat, où il avait été mis en minorité en janvier après 20 mois d’exercice du pouvoir.
Outre le PDL de Berlusconi, l’autre grand gagnant du scrutin est le parti séparatiste de la Ligue du Nord, qui a pratiquement doublé son score en deux ans: il passe de 4,6% aux législatives de 2006 à plus de 8% au dernier scrutin.
Fort de son succès, le dirigeant de la Ligue Umberto Bossi réclame dans les colonnes de La Stampa de vastes réformes fiscales et une répression de l’immigration clandestine. «Nous avons besoin de réformes tout de suite, sinon nous perdrons patience», prévient-il.
• Stephen Brown et Deepa Babington (Reuters)