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Des millions de Birmans attendent l’aide internationale

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Des millions de Birmans, victimes du cyclone dévastateur Nargis, attendaient désespérément mercredi une aide internationale encore bloquée aux portes du pays, faute d’octroi de visas par la junte au pouvoir. Le bilan officiel provisoire de la catastrophe qui a ravagé le sud de la Birmanie le week-end dernier restait mercredi de plus de 22.000 morts et 41.000 disparus. Selon la Fédération internationale de la Croix-Rouge, ce chiffre de 22.000 morts ferait déjà de Nargis le cyclone le plus meurtrier à avoir frappé la planète depuis 1991. Mais l’étendue complète des dégâts est encore impossible à mesurer. Et les rares ONG présentes sur place, qui parlent de millions de sans-abri et décrivent des scènes de corps en décomposition dans les zones les plus touchées, craignent que le nombre de morts ne s’alourdisse considérablement. Pendant ce temps, la frustration était croissante parmi les travailleurs humanitaires toujours en attente de visas pour pouvoir venir aider la population. Les militaires birmans, qui exercent un pouvoir sans partage sur le pays depuis 1962, avaient accepté mardi le principe d’une aide internationale. Le geste était en soi rare pour l’un des pays les plus isolés du monde qui avait refusé toute assistance étrangère après le tsunami en 2004. Mais le régime birman avait aussi précisé mardi que les étrangers devraient négocier avec lui pour pénétrer sur son sol. Cinq jours après le passage du cyclone, aucun nouveau visa n’a encore été accordé, a affirmé mercredi un porte-parole de l’ONU à Bangkok, Richard Horsey, qui espérait toutefois que la nomination d’un ministre birman chargé d’examiner les demandes et de coordonner l’aide internationale ferait bouger les choses. Depuis Genève, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a annoncé que la junte avait donné son feu vert à un avion transportant du matériel d’aide. La situation est d’autant plus urgente que les experts sanitaires craignent la propagation de maladies. La population de la région de Rangoun, la plus grande ville du pays, et surtout celle du delta de l’Irrawaddy, au sud-ouest, manque d’eau potable et d’abri. «Une équipe a vu des milliers de morts dans une localité, avec des amas de corps en décomposition après le retrait de l’eau», a raconté à l’AFP Andrew Kirkwood, directeur pour la Birmanie de Save the Children, une organisation très active dans le pays. «Il y a 41.000 personnes disparues, mais de nombreuses personnes pensent que la plupart de ces 41.000 personnes sont mortes», a-t-il poursuivi. «Et, clairement, il y a des millions de sans-abri». Pour l’instant, ce sont surtout les habitants, parfois aidé des bonzes, qui tentent de dégager les rues parsemées d’arbres déracinés, de pans de toit et de fils électriques. Des témoins interrogés par l’AFP à Rangoun ont affirmé n’avoir vu que quelques représentants des forces de l’ordre les aider. Mardi déjà, le parti de l’opposante Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), avait déploré l’absence d’aide efficace des autorités. La LND de Mme Suu Kyi, lauréate du Prix Nobel de la Paix toujours assignée à résidence, avait aussi dénoncé le maintien pour samedi d’un référendum sur une nouvelle Constitution, à l’exception de 47 municipalités les plus touchées où le scrutin a été reporté au 24 mai. Cette décision a aussi été critiquée par plusieurs pays qui appelaient dans le même temps la junte à leur ouvrir les portes de la Birmanie. Les Etats-Unis ont annoncé une aide de 3 millions de dollars qui s’ajoute à 250.000 dollars déjà débloqués. Le président George W. Bush a pressé les Birmans de «laissez les Etats-Unis venir (les) aider». Deux bâtiments américains sont dans la région. Le Pentagone a précisé que l’USS Essex, positionné au large des côtes thaïlandaises, pourrait être utilisé pour des opérations d’aide humanitaire. La Commission européenne a débloqué une aide de deux millions d’euros, tandis que le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Allemagne ou encore la France ont annoncé le déblocage d’aides individuelles pour, au total, plusieurs autres millions. La Norvège compte apporter 1,3 million d’euros par le biais de l’ONU ou de la Croix-Rouge, la Chine a promis un million de dollars et la Fédération internationale de la Croix-Rouge a lancé un appel d’urgence pour collecter près de 4 millions d’euros.

• Hla Hla Htay (AFP)

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