Chroniques

Label marocanité : Un Moussaoui peut en cacher un autre

S’ils partagent le même nom, s’ils portent chacun un prénom prophétique, Zacarias et  Mohamed, ils proviennent aussi de cette région du Sud français où la communauté marocaine est fort nombreuse. La comparaison s’arrête, cependant, là. Zacarias est un pur produit de l’immigration né sur le territoire de France, il y a une quarantaine d’années. Mohamed, à peine plus âgé, est né au Maroc avant de rejoindre la France, pour faire ses études de mathématiques, une fois la vingtaine passée. L’un est l’enfant d’un père alcoolique. L’autre est le fils d’un instituteur laïc. Mohamed a solidement confectionné son identité dans son pays d’origine avant de la confronter à la différence en France. Zacarias a grandi dans cette France des années soixante-dix et début quatre-vingt où l’identité d’un enfant d’immigré s’escamote profondément par l’humiliation et le racisme. Mohamed a appris, dans son pays, l’Islam du juste milieu. Zacarias est allé à Londres pour acquérir son Islam juste au milieu d’un environnement extrémiste au temps où l’Angleterre, dans un laxisme effrayant, hébergeait tous les fous de Dieu.
Ce parallélisme est loin d’être anodin. Ces deux itinéraires, totalement à l’opposé, font partie intégrante des soubresauts que va connaître l’installation de l’Islam en France sur les vingt dernières années. Mine de rien, les dérives qu’ont connues certains jeunes a fini par accélérer la prise de conscience par les autorités françaises de la nécessité d’intégrer l’Islam en France. Par les décider à organiser les lieux de culte. Par, comme le disait, à Strasbourg, Jean Pierre Chevènement alors ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, «inviter l’Islam à s’installer à la table de la République». Par enfin, grâce au volontarisme décisif d’un autre ministre de l’Intérieur, un certain Nicolas Sarkozy, d’aboutir à l’installation du CFCM en 2003.
D’une certaine manière, le résultat du scrutin du 8 juin avec le résultat donné dimanche dernier est plus conforme à la réalité de l’Islam en France. Malgré le boycott de la Mosquée de Paris, le déroulement du scrutin s’est déployé dans la sérénité. Il n’a pas dégagé le sentiment de conciliabule et de négociation des coulisses à la différence de 2003. Le résultat est d’autant plus limpide que le taux de participation est énorme puisqu’il est de 80% alors qu’il était de 84% en 2003. Est-ce à dire que la Mosquée de Paris, héréditairement liée à l’Etat algérien ne représente que 4%.
Les urnes ont parlé donc. Il faut maintenant sortir de cette pseudo guéguerre entretenue entre l’Islam algérien et l’Islam marocain. Le Président Moussaoui a toute légitimité pour aider à la construction d’un Islam français. Un Islam de France et non plus en France. Le modèle marocain peut l’y aider. Rachida Dati disait, la semaine dernière aux Français du Maroc «qu’ils sont l’âme de la France au Maroc». Elle est aussi, avec des personnages comme Mohamed Moussaoui, qu’on le veuille ou pas, l’âme du Maroc en France.

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