Le leader radical chiite irakien Moqtada Sadr, bête noire des Américains, a annoncé un arrêt définitif des opérations de sa puissante milice, l’Armée du Mahdi, alors que Washington et Bagdad sont proches d’un accord sur la présence américaine en Irak après 2008. «Le gel de l’Armée du Mahdi sera valable sans limite de temps et toute personne qui ne suit pas cet ordre ne pourra pas être considérée comme membre du groupe», a déclaré Moqtada Sadr dans un communiqué publié par son bureau politique à Najaf, à 160 km au sud de Bagdad. Depuis un an, le jeune leader chiite évite la confrontation directe entre ses 60.000 miliciens et les soldats américains et irakiens. En août 2007, il avait montré le poids de sa parole lorsqu’il avait appelé ses combattants à une trêve unilatérale, respectée à l’exception de combats au printemps à Bassorah et dans son fief de Sadr City, à Bagdad. Le 8 août, son porte-parole avait annoncé un démantèlement possible de l’Armée du Mahdi à condition que l’accord négocié actuellement entre Washington et Bagdad mentionne un retrait total des troupes américaines d’Irak. L’ordre de Moqtada Sadr intervient après l’annonce en juin d’une vaste réorganisation de l’Armée du Mahdi. L’objectif annoncé à l’époque était de démilitariser son «armée» en créant une unité « spéciale » chargée de combattre l’«occupant» américain exclusivement, alors que le gros de ses miliciens devraient désormais jouer un rôle social au sein de la population. Cette réforme pourrait à terme conduire à l’émergence d’un groupe sur le modèle du mouvement islamiste palestinien Hamas ou du mouvement chiite libanais Hezbollah. «Nous avons créé un programme culturel pour l’Armée du Mahdi et nous l’avons appelé Al-Moumahidoun (en référence au Mahdi, le «Guide» attendu par les chiites, ndlr). Tout le monde devra faire allégeance à ce groupe et ceux qui ne sont pas d’accord seront exclus de l’Armée du Mahdi », a rappelé le leader chiite. «Le premier vendredi du Ramadan (le 5 septembre, ndlr) sera un jour de rejet et de condamnation pacifique de l’occupant», a toutefois prévenu M. Sadr. Hazem al-Aaraji, un de ses plus fidèles lieutenants, a expliqué qu’il fallait étendre de toute façon la période de trêve qui allait expirer fin août. L’armée américaine a «accueilli favorablement une annonce qui semble être un effort en direction du peuple irakien» tout en disant vouloir «juger sur pièces», selon un porte-parole, le commandant John C. Hall.
• Hassan Abdel Zahra (AFP)