Ainsi on a eu l’épisode du voile et de l’école, la série du mariage annulé pour cause de faux et usage de faux en matière de virginité, le feuilleton de la femme à la burqua qui réclame, contre vents et marées, la nationalité française ou encore des créneaux horaires des piscines pour femmes…
Dernière polémique en date, c’est ce fameux procès de sept braqueurs présumés, qui ont sévi en Bretagne entre 2000 et 2001. C’est-à-dire, il y a sept ans. C’est un procès comme il y en a tant d’autres et quotidiennement. Celui-ci a fait l’objet de plusieurs reports, pour des raisons plus croustillantes l’une que l’autre. Les débats vont révéler, par exemple, qu’un des gendarmes de l’enquête a été condamné pour « agression sexuelle » sur une des témoins de l’affaire. Des témoins, par ailleurs, seraient impliqués dans une autre affaire de stupéfiant. Bref, un procès glauque dans un cloaque tellement voyou que les avocats de la défense ne se contentaient pas de demander l’ajournement mais réclamaient le dépaysement du dossier. Le parquet général s’y est opposé et la défense s’est vu débouter.
Et puis, le Ramadan va faire son entrée dans le prétoire. Les avocats de la défense vont invoquer, pour un énième report, l’argument du Ramadan concernant l’un des présumés coupables pour justifier sa difficulté de tenir le procès dans de bonnes conditions. Selon eux, leur client, affaibli par le jeûne, ne sera pas en pleine capacité de se défendre. Le parquet général, et c’est le comble, va donner un avis favorable. Le 2 septembre, l’ordonnance tombe : le procès est renvoyé au 19 janvier, avec, tenez-vous bien un « souci d’une bonne administration de la justice ».
Passée inaperçue, dans un premier temps, la bombinette ne va tarder à faire son effet. Les spécialistes de l’indignation vont sortir du bois. Les fabricants des communiqués vont s’empresser de rédiger les leurs et les médias, pour qui le sensationnalisme et la peur de l’Islam sont des produits d’appel, vont dévaler.
Je ne sais pas qui a dit aux Français que les tribunaux musulmans font pause durant le Ramadan, mais c’est un mensonge éhonté. Non seulement les délinquants musulmans, à jeun, continuent à passer devant leurs juges. Mais ils ne sont pas les seuls à être affaiblis par l’abstinence. Les juges eux-mêmes font le Ramadan. Les huissiers et les greffiers aussi. On n’a jamais vu, dans un pays musulman, un calendrier judiciaire bousculé pour cause de Ramadan. Pourquoi le ferait-on en France. Les hommes de justice, défense et parquet, qui ont veillé sur cette affaire, ont fait preuve d’une naïveté aberrante et coupable. Ils n’ont pas mesuré les dégâts collatéraux que peut avoir ce type d’argument sur l’intégration et surtout sur le raidissement, déjà trop fort, de l’opinion française sur la question migratoire.