Les aliments obtenus à partir d’organismes génétiquement modifiés présentent des risques d’allergie, tandis que les bénéfices d’OGM spécifiquement conçus pour minimiser les allergies sont «davantage attendus que réels», a estimé lundi Denise-Anne Moneret Vautrin, allergologue à l’hôpital Central de Nancy. Deux types de risques peuvent se présenter, a-t-elle expliqué devant les scientifiques réunis lundi et mardi à Paris par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA). La protéine génétiquement modifiée peut provoquer une réaction «croisée» avec d’autres allergènes (autres produits) chez une personne déjà sensibilisée. «Il faut donc tester avant toute commercialisation d’OGM les réactions possibles sur des sérums de personnes allergiques», a expliqué Mme Moneret Vautrin. «Si on trouve un indice d’allergie, on ne va pas plus loin dans le développement de cet OGM», ajoute-t-elle. Mais l’aliment génétiquement modifié peut aussi susciter, y compris des années plus tard, des allergies chez une personne qui n’en développait pas auparavant. «Pour parer à ce risque, nous devons mettre en place un réseau de vigilance sur l’ensemble du territoire avec les allergologues», souligne Mme Moneret Vautrin. Le colloque organisé lundi et mardi par l’AFSSA sur les OGM, la santé et l’alimentation, vise également à nourrir un avis que doit rendre l’agence au gouvernement en janvier sur les méthodes d’évaluation des risques. Les OGM ne sont plus autorisés en France depuis le moratoire européen décidé en 1999, jusqu’à l’élaboration d’une directive (loi) européenne sur leur traçabilité et leur étiquetage. Le risque allergique figure en bonne place, avec la contamination de l’environnement, dans les raisons de méfiance des consommateurs européens vis-à- vis des OGM, ont souligné les intervenants au colloque.