Editorial

Petit bonjour

La déstabilisation que vit actuellement la Bourse de Casablanca est inhérente à sa nature. Une Bourse qui tourne en vase clos avec des acteurs locaux, pour la plupart «initiés», loin des grands courants économiques et financiers mondiaux, et loin des conditions de transparence qu’auraient pu imposer des partenaires étrangers s’ils étaient présents en masse. On fait notre tambouille entre nous. Tu m’enrichis, je t’enrichis. Tu m’inities, je t’initie. Tu prends 20% sur le titre X, je rends 20% de politesse sur le titre Y. Le système domestique tourne en boucle entre des gens avertis. Comme disent les Américains : Tu me grattes le dos, je te gratte le tien. (You scratch my back, I scratch yours). L’argent tourne. Entre les mêmes. Et les jours passent. De temps en temps, un requin se fait connaître bruyamment toutes dents dehors. Il risque de remettre en question l’entente cordiale. Alors, on se pousse et on lui fait une place. Et on continue. Les jours passent tranquilles et heureux. Nous sommes la seule Bourse au monde où tout le monde gagne, tout le temps. Un distributeur automatique de plus-value. Ce n’est même pas un casino car le risque est souvent nul. Le petit vent de panique actuel ne concerne, en gros, que les petits porteurs. Il ne menace ni les fondamentaux ni les bases du système. Les institutionnels se tiennent droit dans leurs bottes. Ils ne bougent pas. Ils sont adossés au temps. Et les petits porteurs vendent à perte au profit des gros malins qui ramassent ce qu’ils peuvent, surtout leurs propres actions. Ainsi va la vie dans une Bourse du Tiers-monde. On fait beaucoup de mousse et quand les corrections arrivent, elles sont plus brutales, et plus massives qu’ailleurs. Elles sont financées par les petits porteurs apeurés.

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