Economie

Offensive française pour défendre la PAC

La présidence française de l’UE lance une grande offensive lors d’une réunion ministérielle lundi et mardi pour défendre la Politique agricole commune (PAC) et poser des jalons en vue des débats budgétaires européens conflictuels à venir.
Pour Paris, la crise alimentaire mondiale, marquée par une envolée des cours des matières premières agricoles jusqu’au début de cette année et des pénuries dans de nombreux pays en développement, a changé la donne en marquant le retour de l’agriculture au premier plan des préoccupations.
Même si les prix ont reflué ces derniers mois, avec une réduction de près de moitié des cours du blé en un an, le «défi de la production est le premier auquel les agricultures dans le monde doivent répondre» aujourd’hui, souligne la présidence française de l’UE dans un document préparatoire à la réunion, qui se tiendra à Annecy (Centre-est de la France). En filigrane, pour la France, soutenue par toutes les grandes puissances agricoles européennes comme l’Allemagne, la Pologne ou l’Irlande, il s’agit surtout d’éviter un démantèlement de la PAC lors des discussions préparatoires au futur budget de l’UE, après 2013, qui s’annoncent comme par le passé houleuses. L’idée est aussi de marquer sa différence avec la stratégie libérale suivie par la Commission européenne, notamment avec son «bilan de santé de la PAC», visant à éliminer progressivement les mécanismes d’incitation à la production et de rapprocher les agriculteurs de la réalité du marché. «Clairement, les Français veulent commencer à préparer les discussions financières en profitant du contexte de crise alimentaire», souligne un diplomate européen. Les Britanniques, traditionnels pourfendeurs de la PAC qui engloutit à elle seule 40% environ du budget de l’UE, mais aussi les pays scandinaves, font une analyse diamétralement opposée à celle de la France: pour eux, les subventions agricoles en Europe sont directement responsables de la hausse des prix, en empêchant notamment l’importation de produits moins onéreux. «Nous tirons des conclusions différentes de la crise alimentaire. A notre avis, c’est en allant vers une politique davantage tournée vers le marché que nous rapprocherons les prix alimentaires en Europe de ceux du marché mondial», moins élevés, souligne une source diplomatique britannique. A Londres, on reste encore serein face aux efforts déployés par Paris. «Le débat à Annecy n’est que le début d’un débat qui va durer tout au long des prochaines années», ajoute cette source. «En tout état de cause l’objectif de long terme du Royaume-Uni est de parvenir à une réduction assez significative du budget de la PAC». Une perspective dont ne veut pas entendre parler le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier. «Si la PAC venait à disparaître, il faudrait se poser la question de savoir combien cela coûterait à l’Union européenne en termes de désertification, de concentration des productions dans les zones les plus compétitives et de besoins nouveaux d’importations», a-t-il prévenu dans une interview samedi au quotidien Le Figaro. La réunion d’Annecy sera l’occasion d’une mobilisation des agriculteurs. Une manifestation est prévue dans la ville dès dimanche, sous le slogan «Une Agriculture pour vivre». Michel Barnier, hôte de la réunion, a prévu de recevoir leurs représentants. Le Conseil européen des jeunes agriculteurs se réunira aussi le même jour dans la ville pour parler de l’avenir de la PAC.

• Yacine Le Forestier (AFP)

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