Les promoteurs immobiliers français, frappés de plein fouet par la crise immobilière et financière et déjà marqués par plusieurs faillites en province, sont sous haute surveillance, soulignent les experts. «C’est un secteur qui nous inquiète. L’adaptation à la crise peut être très difficile et le potentiel de faillites est beaucoup plus élevé qu’il ne l’était auparavant. Tout dépendra de la capacité des entreprises à réduire la voilure», commente Nicolas de Buttet, responsable du BTP chez Euler Hermes. Après une baisse annuelle de 34% des ventes de logements neufs en France au deuxième trimestre, les conditions de marché auraient encore été «très mauvaises» en juillet-août et les ventes de promoteurs (maisons et appartements confondus) devraient tomber de 127.000 en 2007 à moins de 90.000 cette année, puis à 70.000-75.000 en 2009, selon leurs estimations. Toutefois, les faillites de promoteurs régionaux tels que Celeos et Brun Habitat ne seront pas forcément suivies par celles des leaders du secteur. Les promoteurs Nexity et Kaufman & Broad, tout comme les branches de promotion d’Icade, Bouygues ou Eiffage, sont plus diversifiés, plus solides financièrement et mieux préparés. «On est moins inquiets sur ces groupes cotés qui ont eu l’expérience de la crise des années 90 et qui normalement ont su réagir, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne vont pas souffrir », dit Nicolas de Buttet. De plus, contrairement à la situation des années 90, les programmes de construction de maisons individuelles sont entièrement commercialisés avant la pose de la première pierre, explique Samuel Henry-Diesbach, analyste chez Landsbanki Kepler. « Même sur les logements collectifs ils le sont à 50% voire 60%. » « L’une des grandes différences entre la dernière crise et aujourd’hui est que le risque de surproduction est beaucoup plus faible. Les promoteurs ont assez peu de stocks physiques réels», dit-il. « Même les terrains sont acquis en options d’achat». «En revanche, le problème qui peut se poser en cas de chute des volumes d’activité est celui des charges fixes. Il faut pouvoir supporter une ou deux années de pertes», dit-il.
• Juliette Rouillon (Reuters)