Culture

Jacques Prévert, l’amoureux de «Paris la belle», s’expose

© D.R

L’auteur des «Feuilles mortes», artiste éclectique, esprit frondeur et icône germanopratine, ressuscite avec fraîcheur à travers cet hommage, supervisé par sa petite-fille Eugénie Bachelot-Prévert, l’une des deux commissaires de l’exposition et unique ayant droit. Le maire de Paris Bertrand Delanoë célèbre chez Prévert l’«intensité d’homme libre» et c’est ce qui ressort des manuscrits, extraits de films, gravures, photos, collages, présentés dans une rétrospective chronologique.
«Lucidité et liberté» sont des mots qui définissent le mieux l’artiste, selon sa petite-fille qui avait trois ans à son décès en 1977. «On a voulu montrer la cohérence de l’œuvre, sortir des clichés. Jacques Prévert est très connu et en même temps méconnu», a-t-elle confié à l’AFP, évoquant «cet esprit corrosif qui passait la société au scanner». N.T. Binh, également commissaire de l’exposition, relève l’importante production, dans tous les domaines, de ce faux nonchalant indissolublement lié à Paris. Il a vécu dans différents quartiers dont ses trente dernières années au pied de la butte Montmartre.
Autodidacte de génie né avec le XXe siècle à Neuilly-sur-Seine, ami des surréalistes comme André Breton qu’il fréquente à Montparnasse, auteur de théâtre d’agit-prop pour le groupe Octobre, Prévert a débuté au cinéma comme scénariste et dialoguiste du film de Jean Renoir «Le crime de M. Lange» en 1935.
Avec Marcel Carné, il enchaîne les chefs d’oeuvre du «réalisme poétique» de «Drôle de drame» (1937) aux «Portes de la nuit» (1946) en passant par «Quai des brumes», «Les visiteurs du soir». Le plus connu reste «Les enfants du paradis» tourné pendant l’Occupation avec Arletty et Jean-Louis Barrault, sorti en 1945 et sacré «plus grand film français de tous les temps».
Le visiteur pourra voir des projections en continu au coeur de l’exposition ainsi qu’un montage des films que Prévert a mis en paroles.
«Ce fut le surréalisme où je fis mes humanités», disait ce touche-à-tout qui refusait de se prendre au sérieux. Picasso, qu’il appelait son «copain» l’a immortalisé, cigarette au bec. Doisneau, Izis, Brassaï et Ronis entre autres, l’ont photographié, et lui-même s’est représenté dans l’autodérision d’un «autoportrait en ménine».
L’auteur de «Paroles», recueil qui l’a rendu célèbre en 1946, a créé des chansons à succès interprétées par les plus grands. Par la voix d’Yves Montand, Cora Vaucaire, Juliette Gréco, Mouloudji, Edith Piaf ou les Frères Jacques, elles ne sont jamais tombées dans «la nuit froide de l’oubli».Deux catalogues abondamment illustrés, dont l’un de Carole Aurouet à destination de la jeunesse, sont disponibles (éditions Flammarion) pour retrouver la globalité d’une oeuvre dont on ne connaît trop souvent que des bribes.

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