Chroniques

Label marocanité : Femme incomplète ?

Décidément Facebook est multifonctionnel. Il peut être le lieu de la rencontre virtuelle, de l’exhibition d’une part de soi, ce qui renvoie à une démocratisation du narcissisme, du copinage participant ainsi d’une forme de tribalisme digital. Il peut aussi servir de plate-forme de contestation sociale.
Cette semaine, une information de l’AFP, largement reprise par la presse française (on se demanderait pourquoi, mais cela est un autre débat) parle d’une initiative prise par une journaliste égyptienne, Youmna Mokhtar, qui a pris son bâton de pèlerin pour mener, sur Facebook, une croisade numérique contre la condition des «vieilles filles» en Egypte. Il est entendu ici que vieille fille ne signifie, en aucun cas, vieille femme. La journaliste, elle-même, est âgée de 27 ans et  doit être certainement concernée par ce combat.
Et fille et vieille, dans la société égyptienne, à l’instar de ce qui se passe dans le monde musulman, toute personne de sexe féminin qui approche la trentaine et qui n’est pas mariée. Cette situation matrimoniale prime sur le reste quelle que soit la condition de la femme en général et de la femme du milieu défavorisé en particulier. La femme peut être active, cadre supérieure, étudiante, femme dynamique ou ce qu’elle veut, si elle n’est pas mariée, elle participe d’une pathologie sociale. Elle est incomplète et pose problème. Elle devient un élément anxiogène et un facteur de désordre dans une société où la religion est omniprésente. Elle n’est pas une personne ou un être. C’est juste un corps qui risque d’érotiser l’espace tant qu’elle n’est pas « casée ».
Les associations religieuses, pour ne pas dire islamistes, considèrent le célibat de ces filles comme un élément de perturbation sociale. Il paraît qu’elles organisent, pour endiguer le phénomène, des mariages collectifs pour les plus défavorisés, dans le but avoué d’éviter les comportements déviants, les relations sexuelles hors mariage ou la tentation de l’homosexualité.
Cette obsession du corps, cette inquiétude que pose la féminité est un élément de fragilité et de déficience de l’Etre musulman. Il est impossible pour une société d’être sereine  quand la moitié du corps social s’épuise à surveiller l’autre moitié. Comment vivre ensemble dans une société du soupçon et du doute. Plus cocasse. Il est plus confortable pour l’Homme musulman d’attribuer à la femme le défaut d’être fragile, ce qui nécessite un encadrement strict. En réalité, la vraie fragilité est masculine. L’homme musulman refuse de reconnaître qu’il a d’abord peur de ses propres ardeurs et passions. Et là, il y a matière à éduquer et à… légiférer.

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