Il est d’usage, en fin d’année, de célébrer les hommes et faits marquants de l’année qui s’achève. Certains, peu, s’amusent à prédire, avec plus de risque, ceux qui marqueront l’année qui s’annonce. La presse de chaque pays se plaît à identifier les personnages de l’année. Elle distribue les bons et mauvais points. Elle récapitule également les faits saillants, leur chronologie. Ceux qui s’incrusteront dans les annales de l’histoire autant que ceux qui auront eu leur «warholienne» minute de gloire, sans lendemain.
Le métier appelle cet exercice «le marronnier». Et pour cause. La fin d’année est généralement creuse en actualité. Il y a comme une accalmie dans le mouvement du monde. Les politiques déposent leurs haches pour une trêve des confiseurs. Les gens ont la tête dans les étoiles, les guirlandes et dans les messages d’espérance qu’ils ont pour les leurs. Le marronnier produit tous les ans les mêmes marrons. La presse reproduit, à quelques nuances près, les mêmes réflexes pavloviens. Du coup, on ne se penche que rarement sur les faits qui ne se sont pas produits.
L’année 2008 aura été celle des peurs énergétiques. Quand le baril de pétrole a atteint les 147 dollars, tous les ministres des Finances du monde ont vu leurs calculettes se dérégler. On nous prédisait un baril à 200 dollars et la fin d’un monde. Le baril est aujourd’hui à moins de 40 dollars et pas plus que la guerre du pétrole n’a eu lieu, notre monde est encore bien loin d’un univers à la Mad Max.
On disait ce capitalisme, victorieux et arrogant, solide sur ses bases. Le tsunami financier en est venu à bout de cette idée. L’effondrement de certaines bastilles comme Lehmann Brothers a fait vaciller le système et a ressuscité la religion de l’interventionnisme étatique même chez les plus inattendus des ultralibéraux. Depuis, les partisans du moins Etat se cachant, comme les oiseaux, pour mourir.
On nous n’annonçait pas que les Républicains risquaient de gagner les Démocrates. On nous disait que jamais un Noir ne gagnera un Blanc. Et puis patatras. Les Américains vont montrer au monde qu’ils sont plus capables d’avoir des victoires sur eux-mêmes que sur les autres, Vietnamiens, Somaliens, Afghans soient-ils ou Irakiens.
Au Maroc, je reteindrais un fait majeur. 2008, comme depuis cinq ans, s’est passée sans attentats terroristes dans un pays où la menace pèse lourdement. N’en déplaise à tous les vendeurs de neuroleptiques journalistiques, c’est un grand succès de l’Etat. Il indique que les services de Chakib Benmoussa et de Yacine Mansouri sont à l’œuvre discrètement, tranquillement, efficacement dans une guerre de l’ombre. Il faut pouvoir et savoir leur rendre hommage.