Ensuite, pour minimiser ses risques, le galeriste a besoin de savoir ce que pensent les autres professionnels du même artiste. Pour cela, il se fie en général aux articles de journaux, de revues, aux émissions et passages télévisés. Si la critique est négative ou simplement absente, le galeriste doit, soit rejeter la demande, soit tenter l’expérience.
Mais dans un pays en voie de développement, aussi rapide soit-il, comme le Maroc, la profession est encore relativement peu organisée, et ce, malgré la grande vitesse à laquelle avancent les choses. Une situation plutôt chaotique qui permet à une minorité d’opportunistes de se remplir les poches. Certaines plumes prêtent leurs éloges caressants à n’importe quel artiste en mal de reconnaissance.
Quelques artistes, une minorité bien sûr, louent purement et simplement les services de ces opportunistes, une minorité aussi, pour leur écrire des textes élogieux sur mesure. Cependant, ne considérons pas le fait d’offrir un café à un journaliste durant une interview comme un geste malintentionné.
Une situation qui lèse les artistes intègres refusant d’utiliser ces moyens-là par principe ou même par manque de moyens. Il arrive alors que, celui ayant acheté un tas de textes pleins de louanges non méritées, soit privilégié par rapport à celui ayant peu de textes élogieux mais authentiques. Les injustices sociales des pays en voie de développement se retrouvent naturellement dans les milieux artistiques aussi.
La pratique est assez courante pour que certains la prennent comme règle de fonctionnement normal !
Un jour durant un vernissage où les deux télévisions nationales étaient venues m’interviewer, quelqu’un m’a demandé combien j’avais payé pour les faire venir. J’avais répondu: «rien, j’ai juste envoyé des faxes pour couverture d’événement» Il m’avait alors reposé la question en affichant un franc sourire moqueur, l’air de dire : «Arrête tes bobards, dis-moi combien tu les as payés» puis il m’avait tourné le dos en rigolant.
Je sais que c’est juste une question de temps avant que ce phénomène ne disparaisse ou que les injustices soient moins flagrantes. Mais en attendant, il serait utile d’en parler pour y sensibiliser les gens. Car c’est vraiment triste qu’on en arrive à ne plus prendre au sérieux ce qui s’écrit sur les artistes, malgré le foisonnement de talents et de bons journalistes et critiques d’art au Maroc.
Les gens ne sont pas dupes, la reconnaissance achetée et éphémère, c’est grâce au talent, à la culture, au travail et à l’originalité qu’on peut gagner la reconnaissance durable.














