Des fissures se sont déclarées entre les syndicats à la veille de l’appel à la grève, prévue aujourd’hui jeudi et demain vendredi dans la fonction publique et les collectivités locales.
L’UGTM a boudé cet appel à la grève, en invoquant son «inopportunité» en raison de la poursuite du dialogue social. Mohamed Titna Alaoui, membre dirigeant du syndicat istiqlalien, rejette le prétexte de l’échec du dialogue social avancé par les autres centrales. «On ne peut pas dire aujourd’hui que le dialogue social a échoué», puisque tout simplement «il n’est pas arrivé à terme». «Quand on aura terminé les pourparlers, et qu’il n’y a pas eu de résultats, on peut recourir à ce moment à la grève», a dit M. Titna Alaoui, qui veut plutôt positiver. «Il est vrai que plusieurs problèmes subsistent, entre autres le gel des promotions, et la non-suppression des bas échelles (de 1 à 4)», a-t-il admis, mais «il ne faut pas nier que nous avons obtenu des acquis significatifs» tel que «l’augmentation des salaires», a-t-il enchaîné, en appelant à «la prise en considération des difficultés que posent la conjoncture économique internationale».
Outre l’UGTM, la CDT de Noubir Amaoui ne s’est jusqu’à hier pas manifestée pour dire si elle adhère ou non à l’appel au débrayage. Seules la Fédération démocratique du travail (FDT), l’Union marocaine des travailleurs (UMT), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNMT) ont décrété la grève. Mais là encore, un manque de coordination notoire entre les quatre syndicats a surgi à la veille de l’appel à la grève.
Preuve de ce manque de coordination intersyndicale, les centrales n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le timing de cette grève. La FDT, l’UMT et l’ODT ont annoncé la grève pour vendredi 23 janvier, tandis que l’UNMT relevant du Parti Justice et du développement (PJD) prévoit la grève sur deux jours, soit jeudi et vendredi. Contacté hier par ALM, Abderrahmane Azzouzi, SG de la FDT, a rejeté la responsabilité de ce manque de coordination sur le syndicat de Mohamed Yatim, SG de l’UNMT et membre dirigeant du PJD. «L’UNMT a fixé la date de la grève sans concertation aucune avec les autres syndicats», reproche M. El Azzouzi, attirant l’attention sur le fait que le 22 janvier décrété jour de grève par l’UNMT coïncide avec la période des examens. «Nous avons pris en compte l’intérêt des élèves», a argué M. El Azzouzi, ajoutant qu’il est «préférable de tenir grève pendant les périodes de vacances». En dehors du «timing», principale pomme de discorde, les syndicats grévistes partagent le constat sur «l’échec du dialogue social». «Notre grève est une réponse au bilan négatif du deuxième round de dialogue social entamé depuis octobre dernier», plaide le SG de la FDT. «Ni le gouvernement ni les employeurs ne veulent discuter de l’amélioration de la situation des fonctionnaires et des travailleurs», a-t-il relevé, précisant que les syndicats grévistes avaient été «contraintes» à recourir au débrayage pour faire valoir leurs revendications.