On nous parle encore de victoire palestinienne à Gaza. On aurait tant aimé ! Israël, une dizaine de morts. Les Palestiniens mille deux cents. Quelques obus de Hamas sur le sud israélien et la bande de Gaza réduite en cendres. Ce que le monde compte de justes est horrifié par les crimes de guerre de l’Etat hébreux mais pour l’essentiel on condamne pour la forme ou du bout des lèvres. Le Conseil de sécurité prend des résolutions mais ne les fait suivre d’aucune contrainte d’exécution. Les Israéliens déclarent la guerre quand ils veulent et proclame le cessez-le-feu à leur guise. La communauté internationale a presque envie de leur dire merci pour ce dernier geste de compassion. Tel-Aviv défie le droit international et brave l’autorité onusienne en bombardant un hôpital de l’ONU le jour même de la visite en Israël du patron de l’instance mondiale suivi deux jours après de celui d’une école et Ban Ki-moon n’a que sa voix pour condamner. On peut multiplier les exemples mais j’ai beau chercher les signes d’une victoire, je ne trouve que ruines et désolation.
Il ne suffit pas d’avoir le sens du martyr pour triompher ni vaincre en subissant plus de morts et de dégâts que son ennemi. C’est aussi simple qu’une petite opération arithmétique qu’on réussit pourtant à ne pas résoudre. Tout notre problème est précisément là, dans l’inversement de la valeur des choses et la négation d’une triste réalité par sa sublimation. C’est malheureux mais c’est ainsi : les Etats arabes et leurs masses ont fait la preuve qu’ils étaient incapables de vaincre Israël. Non pas parce que celui-ci serait promis à une invincibilité éternelle mais seulement parce que nous n’avons pas pris le temps et la bonne voie pour nous doter des moyens adéquats à même de montrer à l’Etat hébreux ses limites. C’est merveilleux d’avoir des hommes prêts à se sacrifier pour la cause mais c’est encore mieux de posséder les armes économiques, en termes de développement, et militaires, en termes d’arsenal, pour réduire l’ennemi.
A défaut on se rattrape comme on peut en détournant la cause palestinienne de son objectif. Le tour de prestidigitation consiste à en faire un objet de surenchère dans les politiques intérieures propres à chaque pays arabe. Un exemple, entre autres, se trouve dans Attajdid du 14 janvier qui titre qu’Israël «a menacé le Maroc de le sanctionner au niveau de l’Europe et de l’Amérique en cas de boycott des produits hébreux. Première nouvelle et elle est scandaleuse. Sauf que le scandale se niche dans le journal islamiste. Car dans le texte on découvre que c’est une déclaration qui date de… 1994. La politique est un art mais là on est dans son mépris. L’incrustation d’un fait passé dans une actualité sans rapport en dit long sur les méthodes et les véritables intentions des islamistes marocains. Tout le respect que Benkirane et ses amis ont pour l’intelligence des Marocains se résume dans cette manœuvre. Avec pareilles équations on est certain de produire les avions, les missiles et les chars en mesure d’immuniser les Arabes contre Israël.













