Economie

La descente aux enfers des géants de l’électronique

Près de 6 milliards d’euros, c’est la somme que le conglomérat industriel Hitachi s’apprête à perdre au terme de son année budgétaire en mars, alors qu’il y a trois mois encore, il promettait des bénéfices. Résultat: 7.000 emplois supprimés, plan d’économies oblige. Même drame pour NEC qui se dit forcé de se séparer de 20.000 salariés dans le monde, après avoir lui aussi prévu des pertes annuelles colossales (2,4 milliards d’euros). Hitachi et NEC sont les énièmes industriels emblématiques du Japon à sombrer sous les coups que leur assène la crise économique mondiale, qui a pris un tour dramatique depuis septembre 2008. Sony avait ouvert ce funèbre cortège en décembre en annonçant la suppression de 16.000 postes dans son activité centrale, l’électronique, soudainement déficitaire. Depuis, le fleuron a provoqué un nouveau choc et s’attend à endurer un déficit net annuel de 1,25 milliard d’euros. Puis est venu le tour de Toshiba (4.500 emplois rayés, 2,33 milliards d’euros de pertes redoutées), accompagné d’une cohorte d’entreprises moins connues du public mais tout aussi étranglées que leurs grandes sœurs.
«La conjoncture s’est terriblement aggravée durant l’année en cours et la prochaine s’annonce également très difficile», a prévenu cette semaine le patron de Toshiba, Hatsutoshi Nishida. Le Japon n’a sans doute jamais vécu une déferlante aussi dramatique de mauvaises nouvelles économiques en un laps de temps aussi court. Cette onde de choc rappelle, voire surpasse en puissance, celle qui submergea le Japon durant les années noires consécutives à l’éclatement de la bulle immobilière et financière endogène, dans les années 1990. Tous les champions nippons de l’électronique, qui disposent de technologies de pointe et de puissants outils de production, subissent non seulement l’impact de la détérioration du marché, mais aussi celui, tout aussi dommageable, de la hausse du yen face aux autres devises. Le renchérissement du yen, consécutif à la crise financière, amoindrit leur compétitivité face aux concurrents américains, européens ou sud-coréens et dévore leurs marges alors qu’une part grandissante de leur activité dépend de leur présence à l’étranger. Et les patrons des fleurons du secteur de défiler jour après jour devant les journalistes et analystes pour expliquer leurs plans de sauvetage, comme l’ont fait avant eux leurs homologues de l’industrie automobile. Réduction de la masse salariale, gel de projets, coupes dans les investissements, liquidation d’activités, rapprochements partiels avec des concurrents: les recettes sont partout les mêmes, mais leurs effets loin d’être garantis tant les entreprises semblent plongées dans le brouillard. «Dans un tel contexte, la moindre faiblesse nous expose aux pires difficultés», a expliqué le PDG de Sony, Howard Stringer.

• Karyn Poupee (AFP)

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