Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, l’association française de défense des droits des femmes, «Ni Putes Ni Soumises» (NPNS) ne sera pas autorisée au Maroc. Notre ministère avance, pour justifier ce refus anticipé — NPNS n’ayant pas introduit de demande d’autorisation — un argument massue : «En conformité avec la loi, les autorités ne donneront pas suite à la création d’un tel bureau si la demande venait à être faite». Et d’ajouter, doctement : «La démarche de cette association qui accomplit par ailleurs un travail respectable en France, ne correspond pas à l’approche adoptée au Maroc pour le traitement des questions en relation avec le statut de la femme». La boucle est bouclée. En fait, ce qui est en œuvre, ici, c’est le fameux principe de précaution. On réagit à titre préventif — précautionneux — à un événement qui n’a pas eu lieu. Une communication sans objet. Une anticipation oblique — un avertissement, dans le sens religieux — qui vise à empêcher d’advenir ce qui n’est pas advenu. Seul Dieu est savant. Sur le plan politique, par contre, l’effet de cette méthodologie est calamiteux. Le fait de précéder la fête d’un jour, d’anticiper les faits, de brûler la politesse à la justice, en mettant en avant des arguments extra-judiciaires, est un phénomène nouveau. Si le ministère de l’Intérieur commence à jouer , dans le dos de la justice, par voie de communiqué lapidaire, le rôle d’un ministère des normes culturelles, de la vertu, de la guidance (Al hûda), du bel agir, c’est une vraie nouveauté dans notre pratique institutionnelle. Après l’affaire retentissante de la photo non publiée, c’est l’affaire abracadabrantesque de l’association non créée. Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons.








