Chroniques

Label marocanité : Sans fards ni tabous !

L’action de quelques homosexuels qui militent pour que leurs droits soient reconnus au Maroc n’est pas sans jeter un certain embarras. L’offensive médiatique était telle qu’il est bien difficile de faire le sourd-muet. Dans le même temps, en parler relève du terrain glissant tant la matière est emblématique du politiquement correct. Le sujet est donc chatouilleux ! On est dans le registre de la lutte contre la discrimination. C’est le règne de la célébration de la différence. A l’effondrement des idéologies égalitaires, s’est substituée la croyance dans la diversité. Mais gare aux confusions.
Mine de rien, la demande de Ni Putes ni Soumises et celle des homosexuels relèvent des mêmes ressorts. Elles s’inscrivent dans le registre du combat pour les droits d’une catégorie précise supposée minoritaire. Elles participent de la grammaire de l’égalité. Elles s’inspirent l’une et l’autre de la philosophie de la tolérance. Sans vouloir les instrumentaliser cyniquement, elles révèlent, à tout le moins, le bien-fondé de l’évolution démocratique marocaine. Ces demandes testent le Maroc. Le mettent à l’épreuve. Le soumettent aux enchères. C’est de bonne guerre.
Parlons donc «sereinement» de la revendication des homosexuels marocains à l’heure où Sean Penn triomphe avec son Oscar pour «Harvey Milk». Ce combat s’est déployé dans les pays judéo-chrétiens, parmi les plus démocratiques du monde. Dans le cas de la France, il a fallu attendre l’arrivée des socialistes, avec François Mitterrand, pour biffer la criminalisation des homosexuels du Code pénal. Même le Siècle des Lumières était ténébreux pour cette question. Voltaire, tolérant devant l’éternel, parlait «d’attentat contre la nature destructeur du genre humain» et Rousseau n’hésitait pas à qualifier l’homosexualité de «preuve de la corruption des mœurs.» Seul Diderot a eu la détermination d’affirmer que «ce qui est contre nature, ce sont les institutions et ses règles hypocrites qui interdisent les libertés sexuelles». 200 ans de débat, de combat et cinq Républiques plus tard, les gays français pouvaient enfin défiler dans les boulevards parisiens avec d’énormes Gay Pride.
Il faut donc savoir raison garder. Dans ces affaires intimes, le contexte est aussi fondamental, si ce n’est plus, que le texte. On ne peut secouer la société marocaine plus qu’il ne faut. Elle a son rythme, sa propre voilure et ses propres priorités. L’intolérable, c’est que ces questions de société marocaine se délibèrent, de plus en plus, dans des salons parisiens ou madrilènes. Il y a comme un zèle chez certains pour avoir des parapluies étrangers et un protectorat pour défendre leurs idées. Insupportable. C’est là, la vraie indécence.

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