ALM : Certains Etats islamiques ont interdit le pèlerinage alors qu’au Maroc nous n’avons pas encore une position claire. Qu’en pensez-vous?
Zomorod Farida : Les Etats ayant interdit le pèlerinage ont pu constater à travers leur appréciation propre que le rassemblement des pèlerins à La Mecque pourrait constituer un danger pour leurs citoyens d’où la décision de l’interdiction. Le problème qui se pose en réalité est que pour l’instant rien n’est encore clair. Nous avons des rapports qui sont pour la plupart contradictoires. Les uns affirment que l’épidémie ne cesse de prendre de l’ampleur alors que d’autres affirment que le danger que représente la grippe porcine n’est pas très énorme. La grande question qui se pose à l’heure actuelle est celle de savoir, est-ce que le danger que représente la grippe porcine est tellement grave qu’on doit annuler la Omra et le pèlerinage de cette année? A mon avis, afin de répondre à cette question, il faut que certaines instances internationales à vocation islamique s’attelleront sur l’évaluation et la recherche. Je parle ici, par exemple, de l’Organisation de la conférence islamique et le Conseil du Fiqh islamique. Je pense que ces instances doivent faire leur travail parce que tout le monde s’y attend. L’absence de prise de position du Maroc est justifiable parce que ces instances n’ont pas encore à présent une vision claire.
Pensez-vous que le pèlerinage doit être interdit cette année?
Il y a un principe général en Islam qui incite l’Homme à prendre toutes les précautions nécessaires afin de préserver sa santé contre les épidémies. Le Prophète Sidna Mohammed nous a recommandé que si, par exemple, une région est atteinte d’une épidémie, ses habitants ne doivent pas la quitter et personne ne doit y rentrer afin de limiter l’expansion de l’épidémie. En cas d’épidémie, l’Homme est appelé en Islam à s’abstenir de contaminer ses semblables et d’éviter qu’il soit lui-même contaminé. Le fait de dire aujourd’hui qu’on doit interdire le pèlerinage ou le maintenir doit être basé sur des rapports médicaux montrant l’état du danger que représenterait le déplacement massif des musulmans à La Mecque. L’OMS vient d’établir des recommandations dans ce sens. Je pense que si on arrivera à avoir un vaccin de cette grippe ou que les moyens de prévention seront mis en place, rien ne justifierait l’interdiction du pèlerinage. Mais le problème qui se pose en réalité est le fait que plusieurs personnes qui partent pour accomplir le pèlerinage ne sont pas conscientes du danger. Ce qui peut poser un problème au niveau de l’encadrement.
Est-ce qu’il y a un exemple dans l’Histoire à propos de ce sujet?
Il est arrivé une fois au Maghreb qu’on avait interdit le pèlerinage aux gens pour des raisons sécuritaires et aussi pour des raisons d’ordre économique, sanitaire ou sécuritaire. Ce qui montre qu’il y a en Islam cette éventualité de l’interdiction du pèlerinage. Ceci étant, il faut préciser que jamais l’Arabie Saoudite n’avait interdit l’accès à son territoire aux pèlerins.
Comment expliquez-vous l’absence des réactions des ouléma de l’Arabie Saoudite?
A l’heure actuelle, il se peut qu’il y ait un désaccord entre les ouléma de l’Arabie Saoudite, entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre l’interdiction du pèlerinage. C’est un sujet objet de divergence des points de vue.