Culture

Jaouad Essounani : «Éveiller la société marocaine»

© D.R

ALM : La société de production Tokos4 vient de présenter en avant-première «Mama tsebhi ala kheir». Parlez-nous de cette pièce?
Jaouad Essounani : «Mama tsebhi ala kheir» fait partie des œuvres qui ont bénéficié du fonds de soutien du ministère de la Culture  pour la saison 2009/2010.
Présentée en collaboration avec le Théâtre Mohammed V, cette  pièce est une adaptation  de «Bonsoir maman» de la dramaturge américaine Marcha Norman. Cette adaptation a été effectuée par l’acteur et comédien Amine Ennaji et interprétée par Jamila Elhaouni et Hasna Tantaoui. Ce texte traite le phénomène du suicide, qui s’incruste incontestablement dans nos sociétés. «Mama tsebhi ala kheir» sera présentée les jeudi et vendredi 12 et 13 novembre 2009 au Théâtre national Mohammed VI à Casablanca et le mercredi 2 décembre 2009 au Théâtre national Mohammed V à Rabat. D’autres présentations sont également prévues.
 
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à opter pour une pièce de théâtre américaine?    
À vrai dire, nous avons eu un coup de cœur pour le texte. Il est d’une profondeur socio-économique incontournable. C’est ce qui justifie, avant tout, notre choix. De plus, le thème nous a interpellés. C’est l’histoire d’une fille qui décide de se suicider et en informe sa mère le soir même de son départ vers l’au-delà. Bref, on ne pouvait pas s’empêcher de travailler sur ce texte.
 
Pourquoi avez-vous choisi le suicide comme thème principal ?
À travers ces deux personnages, nous voulons créer une réflexion autour de cette problématique assez pointue. Pourquoi cet acte extrême ? Pourquoi une personne peut un jour en arriver là ? Une série de questions qui se posent instaurent ainsi un débat autour du droit à la vie et à la mort. Étant conscient de ce risque, nous avons voulu rompre le silence et prévenir les gens de cette situation. Vu le rythme auquel s’engage le Maroc et vu la conjoncture socio-économique dont souffre la population, le suicide reste omniprésent. Est ce un remède ou un mal ? La question est relative. Ce que nous souhaitons réaliser à travers ce travail, c’est éveiller la conscience de la société marocaine sur ce genre de sujet.
 
Comment évaluez-vous la situation du théâtre au Maroc ?
La situation est déplorable. Malheureusement, le désordre règne dans ce domaine. Nous souffrons d’un système anarchique, que je qualifierai de système de «Lkayjia».
Ce terme marocain nous est bien adéquat. C’est-à-dire un système marqué par le seul manque de professionnalisme et où règne l’intérêt matériel avant tout. Certes, l’état fournit des efforts pour promouvoir la scène culturelle mais cela reste insuffisant. Il faut repenser la structure du champ culturel. Il faut également réactualiser son organigramme. La plupart des responsables sont parachutés dans le milieu artistique sans le moindre bagage culturel. Au lieu que les instances nous accompagnent, c’est nous qui allons vers elles et accomplissons ce que devraient être sa mission. Et cela sans grand résultat car nous ramons à contre-courant.

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