Chroniques

Un vendredi par moi

Le cas Aminatou Haidar est une curieuse équation sans inconnue. Le X de l’occurrence est même aussi apparent qu’un énorme anaconda dans un couloir blanc dès lors que derrière la vingt-quatrième lettre de l’alphabet français se cache mal sa première, chef de file de ses voyelles, initiale de la démesurée Algérie. Trente quatre ans de duplicité et pas une ride. Alors que chacun sait et que personne n’ignore. Avec Alger c’est le courant d’air, chaque fois qu’on ouvre une porte à la recherche d’une sortie, elle claque aussitôt sur un mur de béton qui bouche l’horizon. On a l’habitude et comme on dit chez-nous c’est «z’ham lamsside», on y est on y reste.
N’empêche, le cas Aminatou Haidar me pose un problème de règles, les unes d’ordre juridique, les autres de nature grammaticale. Ces dernières peuvent comporter paradoxalement la solution. Aminatou c’est en fait Amina, qui n’est pas un invariable et dont la terminaison dans la grammaire arabe change selon sa fonction dans la phrase. Amina est Aminatou lorsqu’elle est sujet ; de Sa Majesté de préférence. Le problème du passeport est alors réglé. Mais quand elle est complément d’objet, c’est sa situation aujourd’hui, il faut alors ouvrir la terminaison : Amina devient Aminata. La grammaire arabe appelle cela «nasbe almaf’oul», et comme par hasard, nasbe a un homonyme en arabe qui signifie escroquerie et arnaque.        
Au plan juridique, on sait que la nationalité est inaliénable. Mais Aminata est une exception qui confirme la règle. Que l’Algérie l’entende de cette oreille ou de celle qui a perdu son acuité auditive, le Sahara occidental est marocain tandis que tous les Sahraouis ne le sont pas forcément, sinon il n’y aurait pas de Sahraouis algériens, mauritaniens et ainsi de suite jusqu’à la mer Rouge. Aminatou est ethno-génétiquement nomade, c’est d’ailleurs probablement pour cela qu’elle ne tient pas en place, et peut donc se trouver très bien dans tout espace meublé de dunes de sable. Avec la progression du desert, elle n’a que l’embarras du choix. Il y a même une solution toute trouvée du moment qu’elle se réclame du Polisario et de sa république en carton : elle a un nom, la RASD; un drapeau rouge et noir et je ne sais quoi encore; un siège à l’OUA, pas de quoi mener large il est vrai ; et même un président, Mohamed Abdelaziz, voire un territoire, Tindouf et sa région. Elle n’y sera d’ailleurs pas dépaysée, son organisation territoriale dupliquant comme on le sait celle du Sahara marocain. Mais voilà il lui faut un passeport et la RASD ne peut en délivrer. Quand on vous dit que cette république est un mirage dans un désert d’idées.
Il y a une autre raison. Si Aminatou préfère la grève de la faim à Lanzarote, si grève il y a, pour rentrer au Maroc au lieu d’aller à Tindouf, c’est parce qu’elle est sûre, pour avoir vu de ses yeux, que si ici ce n’est peut-être pas le paradis, là-bas c’est l’enfer.

Related Articles

Chroniques

Alger/Tunis, le grand malaise à venir

Equation La perspective d’un maintien de cette discorde régionale vivace s’est brusquement...

Chroniques

Quand le jeu brise les enfants

éducation numérique   La dangerosité de Roblox ne réside pas seulement dans...

Chroniques

Miroir, miroir… mon beau miroir

Mieux communiquer, mieux vivre…

Chroniques

Maroc : Bâtir l’avenir avec aplomb

Sagesse rare.  ce discours a été un moment fondateur. Il déclare que...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus