Chroniques

Un vendredi par moi

Allez, on ne va pas y couper. Entre les fêtes de la nativité de doux Jésus, communément dites Noël, et la soirée de la Saint-Sylvestre pour célébrer la fin de l’année, il y a bien lieu d’émettre quelques vœux. Ils sont les vôtres, ils sont les miens, bref ils sont les nôtres. Et bonne année surtout que celle qui vient de s’écouler n’a pas été des meilleurs. Pour lever toute équivoque, j’ai également formulé des vœux à l’occasion du premier jour de l’hégire, même s’il ne plait pas au wahhabisme, surtout qu’il ne plait pas au wahhabisme. Mais ces vœux ont été entre moi et moi-même car pour ce petit serviteur d’Allah, la relation à Dieu est une affaire qui relève de l’intime et du privé. Nous sommes premier jour de l’an et mes lecteurs, si j’en ai et si comme je le crois j’en ai une appréhension globalement correcte, ils doivent avoir la tête vaporeuse. Je ne suis donc pas sûr qu’ils vont pouvoir me suivre. Mais on ne perd rien à essayer. Des amis me reprochent d’avoir montré dans la chronique de la semaine dernière une certaine compréhension pour le débat sur l’identité nationale en France malgré ses dérapages nauséabonds stigmatisant l’Islam et les musulmans. A contre jour de mon point de vue, ils estiment impératif de monter au créneau pour fustiger les différentes formes de racisme ambiant que dissimulent à peine quelques discours de la bien-pensance alors que les racialement corrects eux-mêmes n’en pensent pas moins. Je les comprends, mes amis pas ces derniers, et ce n’est pas l’envie de hurler qui me manque.
Mais sur ce sujet se pose pour moi un problème de rationalité et de parallélisme des formes. Changeons d’abord de pronom personnel par l’indéfini : On ne peut exiger des autres ce qu’on ne peut s’imposer à soi-même. C’est même en Islam un dogme fondateur et une attitude des plus correctement religieuses. C’est faire l’autruche de croire que l’Islam pourrait être le bienvenu sans difficulté en terre de chrétienté et c’est faire preuve de mauvaise foi de croire que le Christianisme trouve facilement terre d’accueil en pays d’Islam. Bien plus grave : on est dans une duplicité totale lorsqu’on dénonce chaque jour que fait Dieu, par exemple chez-nous, les entreprises de christianisation et brandir comme un trophée la conversion d’un chrétien à la religion d’Allah et de Son Prophète. On ne peut pas non plus crier au scandale à l’interdiction du port du voile et exiger des chrétiens dans plusieurs pays musulmans de se conformer aux normes vestimentaires du pays d’accueil. Ou encore de considérer l’accès d’un non musulman à des lieux saints comme une profanation et une souillure. On le voit, la question est un problème de cohérence et de réciprocité. Au-delà, on pénètre dans les ténèbres de l’incompréhension. Valeurs contre valeurs. Tandis que l’Occident voit dans l’Orient musulman un ensemble aux valeurs arriérées et dégradantes pour la dignité humaine, l’Orient musulman perçoit l’Ordre occidental comme une déliquescence morale qui ne conduit qu’à la déchéance de l’humanité. Avec ça, bien sûr, on ne peut pas aller loin. Sinon à la perpétuelle confrontation.

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