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Des taxis pour femmes afin d’éviter le harcèlement

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Chiffon à la main, Ines Hassan bichonne son taxi. Elle attend ses premières clientes de la journée: des Egyptiennes lasses du harcèlement masculin et qui exigent que leur chauffeur soit une femme. Après les wagons réservés à la gent féminine dans le métro du Caire ou les cafés pour femmes, les premiers taxis pour femmes circulent désormais dans la capitale égyptienne, une évolution critiquée par les adversaires de la ségrégation entre les sexes. «C’est un début. Je pense que c’est une excellente idée qu’un espace soit réservé aux femmes dans tous les transports publics. Je suis la première à l’encourager», déclare Ines Hassan, qui porte le voile comme la majorité des Egyptiennes musulmanes. Une bonne affaire pour la compagnie Cairo Cab, dont une partie de la flotte de taxis est réservée aux femmes. Mahmoud Kamel, employé du centre d’appels, affirme recevoir «environ 300 appels par jour», dont une majorité de femmes qui «à 80% préfèrent que leur chauffeur soit une femme». Nombreuses sont les femmes, égyptiennes et étrangères, voilées ou non, qui se plaignent d’attouchements ou de remarques déplacées au quotidien dans la rue ou les transports. Une vice-présidente du Parlement, Zeinab Radwan, avait réclamé l’an dernier une loi pour protéger les femmes contre le harcèlement qui a, selon elle, atteint un niveau de «sauvagerie». Selon une étude menée en 2008 par le Centre égyptien pour les droits des femmes (ECWR), qui n’avait alors pas hésité à parler de «cancer social», 83% des Egyptiennes et 98% des étrangères vivant en Egypte disent avoir fait l’objet de harcèlement sexuel. Cette association n’est pas pour autant ravie de voir circuler des taxis pour femmes, y voyant au contraire un danger de séparation croissante des sexes dans l’espace public. «Ce genre d’initiative isole les femmes et les met à l’écart», estime Nihad Aboul Qomsane, avocate et directrice du ECWR. «Cela renforce l’idée que la femme est un être vulnérable qui a besoin d’une protection particulière. Sur le long terme, cela risque de diminuer les chances des femmes sur le marché du travail, et d’affaiblir leur rôle dans la société», ajoute-t-elle. Au sein de la population, les avis sont partagés, avec parfois des femmes hostiles à cette initiative et des hommes qui applaudissent. Pour Mouna Ashraf, une étudiante, «on n’est pas habitué à voir des femmes qui conduisent des taxis. C’est un métier pour les hommes». Mohamed Salah, père de famille habitant un quartier populaire du Caire, est en revanche séduit. «Si je demande un taxi pour ma fille, ça me rassure que le chauffeur soit une femme», affirme-t-il. Toutefois, pour une majorité d’Egyptiennes, les courses en taxi demeurent un luxe inabordable, que le chauffeur soit un homme ou une femme. La seule alternative reste bien souvent les minibus poussifs et bondés, propices à la promiscuité.

 Fatma Ahmed (AFP)

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