Chroniques

Label marocanité : les nouveaux dealers

La première, c’est que  la déontologie et l’éthique de la presse française ont, dans premier temps, constitué un puissant rempart pour empêcher sa diffusion. A cela il faut ajouter une digue supplémentaire, c’est l’environnement juridique rigoureux qui protège la vie privée en France. La seconde leçon, c’est qu’Internet, la toile tentaculaire et la mondialisation sont propices à la diffusion du meilleur comme du pire. La presse étrangère, surtout celle qui est moins soumise aux rigueurs de la loi, a fait son miel de ce chahut au point d’obliger la presse française de traiter, toujours avec prudence la question. Au moment où, au Maroc, se déroule le débat national sur «Médias et société», en plus de tout ce qu’il y a à faire dans ce domaine, ces deux leçons doivent nous inspirer.
Il est légitime dans une société qui aspire à tutoyer la démocratie de plaider pour une sacralisation du droit à l’information et la liberté d’expression. On ne peut le réussir que si on complète le dispositif par une sanctuarisation de la vie privée. Pour cela, la déontologie, l’éthique et la morale ne suffisent pas. Il faut avoir de l’audace juridique. Il faut légiférer… Méchamment. La critique des puissants et des responsables publics est certes un quitus de liberté. Cela ne justifie, cependant, que la plume s’enivre de sa propre puissance et sombre dans la saveur délicieuse de l’insulte. Cela ne tolère pas le chapelet de vacheries cruelles qui portent atteinte, souvent impunément, à l’honneur des hommes à coup de glaive journalistique. Dans la hiérarchie des valeurs, il y a plus grave que de dénoncer les errements, voire les prévarications et la corruption. C’est corrompre et détériorer les valeurs morales.
C’est malheureux de constater la perte de vitesse du journalisme qui éclaire et qui illumine. L’effort intellectuel ne paie plus. On peut faire fortune aujourd’hui avec le journalisme qui vitupère. On peut transformer en or le relents des égouts, les effluves des fosses sceptiques et les exhalaisons des poubelles putrides. Ainsi, ce sont les débats de fond qui demeurent orphelins Et ça marche. Le lecteur qu’on émoustille quotidiennement et qu’on flatte par la détestation des élites est étourdi par l’injure qu’il confond illusoirement avec la liberté.  La question de ce lecteur se pose d’ailleurs. C’est lui le toxicomane du populisme. A la recherche de sa dose quotidienne, il est le vrai gage des dealers de la démagogie.

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