Chroniques

Label marocanité : une photo polémique

Il y a actuellement, sur ce registre, une photo qui fait pas mal de bruit même si celui-ci est dissimulé sous le vacarme du volcan islandais. C’est une photo dans laquelle on voit un type qui, debout et pantalon baissé, s’essuie le postérieur avec le drapeau français. Cocasse ? Provocant ? Ou outrageant? Comment assimiler le drapeau tricolore à du papier toilette en se «voilant» les fesses avec l’emblème national. L’œuvre «chie» donc, si j’ose dire, sur l’article 2 de la Constitution qui stipule que «le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge» est «l’emblème national» de la République. Cette photo faisait partie d’un concours photographique organisé par une des Fnac de Nice. Trois thèmes étaient proposés à l’imagination des photographes amateurs, dont celui du «politiquement incorrect», pour lequel a concouru le jeune primé. Elle était sélectionnée par le jury le 6 mars. La Fnac va prendre rapidement conscience du caractère polémique de l’œuvre. La photo choque et indispose. Elle va illico la retirer, avec l’accord du jeune photographe, âgé de 25 ans. Mais un journal gratuit l’aura, entre temps, déjà publiée. Le journal en question, Métro pour ne pas le nommer, se trouvera dans l’obligation de se justifier d’avoir simplement relaté un événement local, tout en posant la question de la limite entre l’art, la provocation, et la liberté d’expression. Beau débat. Mais censurez, censurez, il restera toujours quelque chose sur le web. La justice fut saisie de l’affaire. Le Procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, très médiatique et descendant des inventeurs de la Montgolfière, avait classé le dossier le 30 mars en indiquant que les «œuvres de l’esprit» sont exclues du champ de la loi 2003. Celle-ci, pour rappel, fut adoptée dans la foulée des sifflements de la Marseillaise lors du match France Algérie en 2002. Depuis et selon l’article 433-5-1 du code pénal, «le fait, au cours d’une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d’outrager publiquement l’hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7.500 euros d’amende», ainsi que de six mois d’emprisonnement lorsqu’il est commis en réunion. La polémique va enfin enfler avec l’intrusion des politiques. Un député du coin a saisi la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. Celle-ci, jugeant cet «acte intolérable» veut engager des poursuites pénales contre le jeune photographe, bien que consciente que la loi est lacunaire en la matière comme l’a évoquée le Procureur de Nice. Pas de problème. On va durcir la loi en y introduisant les œuvres de l’esprit.

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