Une aventure singulière

Aujourd’hui le Maroc :Comment avez-vous découvert la correspondance de Tchekov avec Olga ?
Marie Tikova : Un pur hasard ! Je suis tombé sur ce livre intitulé «Correspondance avec Olga». Il a été édité par Albin Michel. Une de mes élèves d’atelier de théâtre me l’a offert. J’ai commencé à lire ce livre le soir et je n’ai pas pu m’en détacher jusqu’au matin. Je l’ai lu d’une seule traite. Je me suis dit : «c’est trop bien cette histoire, il faut que j’en fasse un spectacle!» Et ça a été un enchantement de faire un travail à partir de ce texte-là. Cela répond d’ailleurs parfaitement à mes goûts, puisque j’aime surtout travailler avec des textes qui ne sont pas forcément du théâtre.
Pouvez-vous parler de l’expérience de mettre en scène une correspondance littéraire ?
C’est une aventure singulière. L’aventure n’a pas commencé avec la mise en scène, puisque j’ai adapté le texte. J’ai réfléchi à comment agencer cette adaptation pour éclairer la mise en scène. Quant au travail de mise en scène à proprement parler, ça a été très particulier. L’espace scénique était déjà délimité avec le carré de lettres. Comme Olga est à Moscou et Tchekov à Yalta, donc ils sont très éloignés dans l’espace géographique l’un de l’autre. Nous, on a pris le pari de les mettre dans une proximité, et dans cette proximité scénique, créer l’éloignement. Sur le plan du jeu, c’était un peu statique…
Effectivement, c’est assez statique, mais en même temps, il y a des déplacements qui sont inscrits dans des codes auxquels l’on n’est pas accoutumé dans le théâtre. Les moments où les acteurs se regardent sont des moments qui disent ou ne disent pas leur éloignement dans l’espace. Rien n’est laissé au hasard… Mais effectivement, dès que l’on a essayé dans cette représentation un déplacement un peu grand, un peu rapide ou un peu périlleux, on sortait de la notion de correspondance et on entrait dans autre chose qui n’était plus dans le code du jeu.