Que la question revienne au débat en moins d’un mois dit clairement la difficulté à lui trouver solution. Moins de 3 semaines après avoir convoqué ses cadres pour échanger sur la manière de réajuster son statut à sa nouvelle situation de parti du gouvernement, le PJD a récidivé, samedi à Rabat, en chargeant la commission préparatoire de son 7ème congrès national d’inviter ces mêmes cadres à plancher sur «la thèse du militantisme démocratique à la lumière du Printemps arabe et des changements politiques au Maroc». La plupart des pontes ont tenu à marquer de leur présence cette nouvelle réunion où s’est posée, avec acuité, la forme de militantisme qui sera désormais mise en œuvre par un parti porté au pouvoir sans y être réellement préparé, comme en a d’ailleurs convenu Abdelilah Benkirane lui-même. «Ce qui est sûr, a déclaré le secrétaire général du PJD, c’est que le pouvoir ne nous fera pas oublier notre référentiel». Ce rappel de la fidélité aux principes n’est certainement pas fortuit au moment où les critiques à l’encontre du gouvernement conduit par le PJD ne sont pas toutes tues et où la moindre action des ministres PJDistes est décortiquée, analysée et souvent décriée. En excipant de la nouveauté de la fonction pour expliquer certaines maladresses, Benkirane a appelé à «aller à l’essentiel après avoir sérié les problèmes». Il y a des choses qui peuvent attendre, a-t-il affirmé comme pour inviter les siens à ne pas donner à l’adversaire le bâton qui servira à les battre. Pour général qu’il fut, le conseil a été spécialement entendu par Mustapha El Khalfi qui a néanmoins redit sa volonté de mener à terme son projet pour l’audiovisuel public. Dédiées à la nouvelle thèse sur le nouveau militantisme du PJD, les «deux journées de dialogue interne» ont donc été voulues comme une actualisation du discours politique de ce parti. Et c’est tellement le cas qu’Abdelilah Benkirane a invité ses parlementaires à rajeunir leur répertoire. «Il en est qui critiquent l’action du gouvernement comme ils le faisaient du temps où nous étions dans l’opposition. Il leur faut se situer entre une opposition systématique et l’approbation béate», a-t-il déclaré. En fait, la réunion du samedi courait plusieurs lièvres à la fois: moderniser le discours et homogénéiser les actions certes, mais aussi permettre au secrétaire général de s’expliquer sur ses dernières déclarations. Abdelilah Benkirane n’a pas manqué en effet de revenir sur ce Printemps arabe qui est toujours en embuscade, et que d’ailleurs le thème de la réunion plaçait avant les transformations politiques du Maroc. Il a ainsi engagé les siens à ne pas baisser la garde car «en cette période qui n’est pas ordinaire, il y a des opposants ordinaires et d’autres qui ne sont pas ordinaires». Mohamed Yatim, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs marocains et président de la commission de préparation du 7ème congrès national du PJD, s’est contenté d’adopter un ton technique pour parler de la réunion. Il a estimé «qu’elle continue celle organisée autour de la révision du statut et qu’elle vise à uniformiser le discours et à l’adapter à la nouvelle situation du parti». Ce qui est important, c’est l’écoute et le partage, a-t-il affirmé. «C’est donc finalement une question de culture», a-t-il ajouté. Culture du parti, s’entend.