Alors que des secteurs vitaux de la fonction publique sont paralysés par une série de débrayages, le secteur privé décide d’agir. En effet, la CGEM veut immuniser les entreprises contre les grèves. C’est en tout cas le but des accords-cadres sur la médiation sociale signés avec les centrales syndicales les plus représentatives. La boucle a été bouclée mardi dernier avec la signature du dernier accord dans la liste avec la FDT (Fédération démocratique du travail). Mohamed Horani, président de la CGEM, et son vice-président général Mohamed Tamer, ont fait le déplacement au siège de la centrale syndicale à Casablanca. Du côté de la FDT, l’accord a été signé par son secrétaire général, Abderrahmane Azzouzi, qui était entouré des membres du bureau central du syndicat. Si le patronat veut aujourd’hui mettre en place un mécanisme de médiation avec l’aide des syndicalistes, c’est qu’il y a réellement urgence. Selon une source à la CGEM, les grèves ont plus que doublé dans pratiquement 90% des entreprises en 2011 par rapport à l’année précédente. Pour inverser la tendance, les représentants des entreprises du Maroc entendent instaurer un climat de confiance à travers cette initiative. «La signature de cet accord vient dans un contexte marqué par l’émergence d’un Maroc nouveau avec une Constitution innovante. Mais le Royaume a également besoin d’une mentalité et une approche nouvelles basées sur la confiance mutuelle», a déclaré Mohamed Horani avant la signature de l’accord. Pour sa part, le secrétaire général de la FDT a insisté sur le caractère positif de l’initiative. «Nous avons aujourd’hui le sentiment d’amorcer une étape nouvelle. Nous allons encourager cette initiative positive qui sera au service de toutes les parties concernées», a-t-il affirmé. Concrètement, la convention permettra la création d’une commission de médiation en vue de prévenir les conflits collectifs dans les entreprises. Composée de représentants des deux parties signataires, ladite commission sera chargée de désigner des médiateurs en vue de trouver des compromis en cas de litige entre les employeurs et les salariés. «Ce mécanisme permet de trouver une solution dans les meilleurs délais avec un minimum de dégâts», a expliqué Horani. Et les premiers résultats sont plutôt encourageants. «Nous avons constaté que la majorité des tentatives de médiation initiées en cas de conflit permettait de trouver une solution sans recours à la grève. Par contre, les conflits devenaient plus difficiles à régler en l’absence d’un mécanisme de médiation», a relevé un responsable dans la commission des affaires sociales à la CGEM. La commission mixte devra se réunir trimestriellement pour dresser un bilan de son action. A noter que des accords similaires avaient été signés avec l’UMT, la CDT, l’UGTM et l’UNTM. Cette initiative intervient alors que le Maroc ne dispose toujours pas d’un cadre législatif qui règlemente le droit à la grève.