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Afrique du Nord : Du manque de bon sens

En droit international, tout le système des règles qui régissent les relations diplomatiques entre les Etats se construit autour d’un élément essentiel à savoir la reconnaissance mutuelle. Et la science de la rédaction des textes juridiques ne tolérant pas des marges d’erreur, a fait en sorte que tout soit toujours défini d’une manière précise dans ses plus fins détails, tant sur le fond que sur la forme. Toute expression est minutieusement choisie afin d’éviter les interprétations linguistiques qui peuvent déstabiliser la construction du texte de loi censée être très solide. Et bien que cette construction puisse, parfois, paraître au profane comme une exagération de la part du juriste, son importance se fait sentir lorsqu’il y a un contentieux.
Ainsi, pour qu’un Etat, par exemple, ait des relations diplomatiques avec un autre, le juriste dressera plusieurs conditions. Il commencera par définir un Etat selon le droit international. Puis il dira qu’il faut que les deux parties soient reconnues en tant qu’Etats par la communauté internationale selon les critères qu’il aurait définis auparavant avant de rajouter qu’ils doivent s’être reconnus mutuellement. Telle est la logique du droit qui est une science passionnante d’ailleurs. Et c’est pour cela que les étudiants de droit – ceux d’entre eux qui découvrent cette passion – commencent dès les premiers mois de la formation à s’adonner à ce genre d’exercices en décortiquant n’importe quel cas qui se présente devant eux en le déclinant sous forme de conditions et de sous conditions. C’est ainsi que se forge la maîtrise de l’analyse juridique.
Prenons un exemple qui peut très bien servir d’exercice à un groupe d’étudiants en droit international. Dimanche 24 juin, l’agence de presse polisarienne (SPS) diffusait une dépêche selon laquelle des émissaires  du chef de l’Etat libyen auraient été reçus par «le président de la RASD» avant que ce dernier ne procède, lors d’une cérémonie officielle, à la signature du «protocole de création du régiment d’Afrique du Nord de la force de paix et de sécurité de l’Union africaine». Ces émissaires auraient déclaré, toujours selon la SPS, que «leurs entretiens (NDLR, avec Mohamed Abdelaziz) ont porté sur les relations fraternelles entre les deux pays et les voies et moyens à même de garantir la paix et la sécurité en Afrique».
La première remarque que feraient les jeunes étudiants c’est qu’il s’agit d’une rencontre entre un Etat, la Libye, et une entité qui ne jouit pas du même statut à savoir la RASD. Premier vice de forme. Deuxième point à soulever : l’entité fantomatique en question ratifie une convention multilatérale engageant des pays qui ne la reconnaissent pas. Exemple du Kenya qui vient de le réaffirmer encore une fois, hier, par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Un accord multilatéral cosigné par des membres qui ne se reconnaissent pas entre eux est automatiquement frappé de nullité. Troisième et dernière observation : Comment une entité qui constitue un élément de déstabilisation dans la région de l’Afrique du Nord, puisque sa structure même est celle d’une armée non régulière ayant pour mission d’agresser un pays pour le compte d’un tiers, peut-elle «garantir la paix et la sécurité en Afrique» ?
C’est là toute l’aberration que peut contenir le concept de la diplomatie selon certains pays. Du manque de bon sens tout court.

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