Le ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, a donné, vendredi à la commune de Ayacha (province de Larache), le coup d’envoi officiel de la campagne agricole 2025/2026.
S’exprimant à cette occasion, le ministre a souligné que le lancement de cette campagne agricole intervient après une saison 2024/2025 marquée notamment par un déficit pluviométrique, une répartition temporelle irrégulière des précipitations, une situation aggravée par la succession des années de sècheresse durant les sept dernières campagnes et une conjoncture caractérisée par un renchérissement des coûts des intrants.
Il a précisé que, malgré ces conditions difficiles, qui ont pesé non seulement sur les agriculteurs mais aussi sur le couvert végétal et l’espace rural, le secteur agricole est resté résilient et a réussi, au cours de la dernière campagne, à enregistrer une croissance d’environ 6% par rapport à la précédente.
Dans ce sens, le ministre a relevé que la production céréalière a connu une hausse de 39% par rapport à la campagne précédente, pour atteindre plus de 43 millions de quintaux.
Concernant les arbres fruitiers, M. El Bouari a affirmé qu’ils ont affiché une performance exceptionnelle, précisant que la production oléicole devrait atteindre 2 millions de tonnes, soit une progression de 111% par rapport à la saison précédente.
S’agissant des agrumes, il a indiqué que la production devrait se situer autour de 1,9 million de tonnes, en hausse de 24%, tandis que la production de dattes devrait avoisiner 160.000 tonnes, en hausse de 55% par rapport à la campagne écoulée.
Après avoir exprimé son espoir, à la faveur des pluies bénéfiques que connaît actuellement le Royaume, de voir s’annoncer une campagne agricole prometteuse et fructueuse, le ministre a réaffirmé l’engagement de son département à prendre l’ensemble des mesures nécessaires pour assurer le lancement de la campagne dans les meilleures conditions et en garantir la réussite.
Il a noté que le ministère vise à atteindre plus de 4 millions d’hectares consacrés aux céréales et aux légumineuses, en renforçant la capacité productive des agriculteurs, en les incitant à élargir les superficies cultivées et en réduisant les coûts de production grâce à plusieurs dispositifs.
Face aux défis posés et dans le cadre des efforts déployés pour la mise en œuvre de la stratégie Génération Green 2020-2030, le ministre a assuré que son département a pris une série de mesures et dispositions pour la réussite de l’actuelle campagne agricole, se rapportant notamment à l’approvisionnement en facteurs de production (semences et engrais), le développement des filières agricoles, la gestion de l’eau d’irrigation, l’assurance agricole, le financement et l’accompagnement des agriculteurs.
Parmi ces mesures, a expliqué le ministre, figurent l’approvisionnement du marché national d’environ 1,5 million de quintaux de semences certifiées des céréales d’automne à des prix de vente incitatifs et subventionnés, l’approvisionnement du marché à hauteur de 650.000 tonnes d’engrais phosphatés au même prix de la campagne précédente, ainsi que le maintien de l’assurance agricole multirisque climatique pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses sur une superficie d’environ 1 million d’hectare.
Pour ce qui est du programme d’irrigation, M. El Bouari a souligné qu’en raison de la baisse des retenues des barrages à usage agricole, la dotation en eau destinée à l’irrigation à partir de ces barrages ne couvre actuellement que 8% des besoins hydriques.
Après avoir rappelé que le programme d’irrigation a été lancé dans des conditions normales dans le bassin du Loukkos, et sous des restrictions strictes dans les bassins du Gharb, de Tadla, de Moulouya, de Tafilalet et d’Ouarzazate, le ministre a précisé que l’opération d’irrigation reste suspendue dans les autres zones, dans l’attente d’une amélioration de la situation des retenues des barrages.
S’agissant du nouveau programme de reconstitution du cheptel national, mis en place en exécution des Hautes instructions royales, en étroite coordination avec les ministères de l’Intérieur et de l’Economie et des Finances, le ministre a rappelé qu’il a été lancé en mai dernier, avec le recensement du cheptel et la constitution d’une base de données nationale précise, notant que le nombre total de têtes de bétail enregistrées a atteint environ 32,8 millions.
Doté d’une enveloppe budgétaire de 12,8 milliards de dirhams, pour la période 2025-2026, ce programme comporte un soutien financier direct aux éleveurs pour l’acquisition des aliments de bétail, un soutien financier direct aux éleveurs pour la préservation des femelles reproductrices ovines et caprines, a poursuivi M. El Bouari, notant qu’il propose également un rééchelonnement et allégement des dettes des éleveurs, en partenariat avec le Crédit agricole du Maroc, l’organisation de campagnes de vaccination pour protéger le cheptel contre les maladies et l’encadrement technique des éleveurs.
Le ministre a précisé que l’opération de bouclage des animaux se poursuit actuellement dans de bonnes conditions et devrait être achevée dans les prochains jours, notant que le décaissement du soutien financier destiné à l’acquisition de l’alimentation de bétail a commencé début novembre, parallèlement au versement de l’avance sur la prime allouée au maintien des femelles d’ovins et de caprins.
Il a fait savoir que le nombre de bénéficiaires s’élève, à ce jour, à environ 600.000, qui ont reçu plus de 2,5 MMDH, précisant que ce programme contribuera à renforcer les capacités des éleveurs, en particulier les petits éleveurs, et à soutenir leur résilience face aux défis climatiques croissants, assurant ainsi la durabilité du secteur et la protection du patrimoine animal national.
Pour ce qui est du programme national de semis direct au titre de la campagne agricole 2025/2026, il portera sur une superficie prévue de 400.600 ha, pour atteindre 1 million d’ha à horizon 2030, avec l’acquisition et la distribution de 235 semoirs de semis direct au profit des coopératives agricoles avec le renforcement de la sensibilisation et de l’accompagnement des agriculteurs pour adopter cette technique.
Pour les céréales, il sera procédé à la poursuite du programme national d’irrigation de complément pour atteindre 1 million d’ha en 2030, en vue de contribuer à la sécurisation et à la stabilisation de la production céréalière nationale et renforcer la résilience du secteur.
Par ailleurs, il est prévu la poursuite de l’encouragement de l’investissement dans le secteur agricole en octroyant des incitations dans le cadre du Fonds de développement agricole (FDA) avec le maintien des incitations en vigueur et la mise en place de nouvelles aides pour la mise en œuvre de la stratégie Génération Green.
En marge de cette cérémonie, le ministre a effectué des visites de terrain à Sidi Yamani et Nkakcha, dans la province de Larache, pour s’informer de près sur les dispositifs mis en place pour accompagner les agriculteurs.
Il a ainsi visité le point de vente des intrants agricoles (semences sélectionnées et engrais) de Sidi El Yamani et à Nkakcha, et présidé la cérémonie d’inauguration d’une unité de trituration d’huile d’olive et la distribution de matériel technique d’élevage et de matériel de récolte d’olives, qui s’inscrit dans le cadre du programme de l’agriculture solidaire qui bénéficie à des Organisations professionnelles agricoles (OPA) relevant de plusieurs communes territoriales.
Cette cérémonie a été ponctuée par la signature de conventions de partenariat avec plusieurs coopératives de la région, portant sur la fourniture de semoirs, l’accompagnement et le conseil en matière de semis direct.
Ce programme s’inscrit dans le cadre de la stratégie Génération Green, pour une agriculture résiliente et durable. Il vise à porter à un million d’hectares la superficie cultivée en céréales par semis direct à l’horizon 2030.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence notamment du président de la Fédération des Chambres d’agriculture du Maroc (FECAM), du président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), du président de la Chambre régionale de l’agriculture de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, des présidents des organisations interprofessionnelles agricoles et de plusieurs responsables, élus et représentants de coopératives et associations agricoles.














