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Alija Izetbegovic, héros du siège de Sarajevo

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Né le 8 septembre 1925 à Bosanski Samac (nord), Alija Izetbegovic avait choisi pendant la guerre (1992-1995) de rester à Sarajevo, d’où il a continué à diriger le pays sous le pilonnage des forces serbes de Bosnie qui ont tenu sous siège pendant trois ans et demi la capitale bosniaque. Béret sur la tête, c’est avec détermination que celui qui est considéré comme le « père de l’indépendance » de la Bosnie se rendait sous les bombardements vers les bâtiments de la présidence. Seul Allah pouvait rompre, disait-il, les fils de sa vie. Son credo en tant que chef de l’armée bosniaque, l’islam, lui avait auparavant valu de se retrouver à deux reprises dans les geôles yougoslaves. Cet anti-communiste convaincu a d’abord été emprisonné de 1946 à 1948 pour sa participation au mouvement nationaliste des Jeunes Musulmans. Il s’est retrouvé une nouvelle fois derrière les barreaux de 1983 à 1988 pour avoir écrit 13 ans plus tôt un ouvrage intitulé « la Déclaration islamique », un document qualifié de fondamentaliste par un tribunal communiste. Il est devenu président de Bosnie en 1990 à l’issue des premières élections pluralistes dans le pays où ont triomphé les partis nationalistes des trois principales communautés, musulmane, croate et serbe. Juriste de profession, Alija Izetbegovic a co-signé en 1995 l’accord de paix de Dayton, qui a mis un terme à la guerre et jeté les bases pour la création d’une présidence et d’un gouvernement tripartites musulmans, serbes et croates en Bosnie. Bénéficiant au sein de sa communauté d’une forte popularité acquise pendant la guerre, il a remporté aux élections de 1996 et de 1998 le poste de représentant musulman au sein de cette présidence collégiale. Certains de ses compatriotes lui ont toutefois reproché de n’avoir pas su anticiper la guerre en Bosnie alors que des conflits avec Belgrade avaient auparavant éclaté en Slovénie et en Croatie. En 1997, un tribunal serbe de Bosnie l’a jugé à Banja Luka (nord-ouest), par contumace, pour crimes de guerre. Il était accusé d’avoir notamment ordonné la « persécution des Serbes » en tant que chef de l’armée bosniaque. Le procès a été mis en veilleuse après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement modéré dans la capitale serbe bosniaque. Fatigué par les restrictions de la guerre, les intenses négociations qu’il a dû mener pour parvenir à la paix et des problèmes cardiaques, Alija Izetbegovic avait annoncé en juin 2000 qu’il quitterait la présidence collégiale en octobre, deux ans avant la fin de son mandat. Il était généralement perçu comme un nationaliste modéré en dépit de ses déclarations parfois équivoques, mais son Parti d’action démocratique (SDA), qu’il a fondé en 1989, donne une autre image. Le SDA a été régulièrement accusé par la communauté internationale de freiner l’application de l’accord de Dayton et d’empêcher notamment le retour de la population non-musulmane à Sarajevo. Entaché également par des affaires de corruption et de détournements de fonds, son parti a perdu pour la première fois depuis 1990 une partie de son électorat aux élections municipales d’avril 2000 au profit de l’opposition social-démocrate qui prône une société multi-ethnique. Lui-même avait ouvertement avoué un jour son manque de sympathie pour les partis anti-nationalistes: « Etre multi-culturel est une bonne chose, mais nous avons le devoir de défendre les intérêts du peuple bosniaque musulman avant tout ».

Amra Hadziosmanovic (AFP)

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