L’enquête sur les attentats de samedi à Bali piétinait mercredi alors que la population hindoue de l’île indonésienne célébrait un jour de prière et que les musulmans entamaient le mois de jeûne du Ramadan. "Il n’y a rien de nouveau, pas encore", a déclaré ko Artanto, porte-parole de la police nationale. L’enquête se concentre toujours sur les Malaisiens Azahari bin Husin et Noordin M. Top, deux chefs en fuite de la Jemaah Islamiah, un réseau lié à Al-Qaïda et auquel ont été imputés les attentats de Bali d’octobre 2002 qui avaient fait 202 morts. Samedi, le triple attentat attribué par la police à des kamikazes a fait 22 morts et 138 blessés dans des restaurants de l’île. La police a interrogé au moins 39 suspects ou témoins jusqu’à présent. Aucun d’entre eux n’a été formellement arrêté ou inculpé. Deux individus, qui ne sont pas originaires de Bali,sont toutefois depuis dimanche en garde à vue pour leur rôle présumé dans la dernière vague d’attentats. Le chef de la police de Djakarta a déclaré mercredi que le responsable de la cellule à l’origine des attentats se cachait peut-être dans la capitale, une ville de 12 millions d’habitants.
"Après Bali, il s’agit de l’hypothèse la plus probable", a affirmé Firman Gani, ajoutant que la police de Djakarta était en état d’alerte dans la crainte de nouvelles attaques.
A Bali, la population hindoue célébrait mercredi la fête religieuse de Galungan, qui marque la victoire du bien sur le mal, tandis que les musulmans commençaient le mois de jeûne du Ramadan.
Des dizaines d’Hindous ont fait une pause devant les sites des explosions en se rendant aux temples pour cette journée consacrée à la prière. Les enquêteurs ont diffusé dimanche soir des images filmées par un amateur montrant l’un des trois kamikazes présumés. Sur ces images, largement reprises par les médias indonésiens et occidentaux, on peut voir un homme vêtu d’une chemise noire et d’un jean pénétrer dans un restaurant de Bali, presque aussitôt dévasté par une explosion.
D’après la police, les bombes étaient composées de TNT, de billes de roulement, de boulons et d’un détonateur,le tout étant disposé dans des boîtes en plastique bleu. Des responsables pensent qu’elles ont pu être déclenchées à l’aide de téléphones portables.
A New York, l’ambassadeur indonésien aux Nations Unies a déclaré au Conseil de sécurité que son pays persévérerait dans la voie de la démocratie malgré cette nouvelle vague d’attentats sanglants. Le gouvernement entend intensifiait ses efforts "pour promouvoir la tolérance et la coexistence pacifique en renforçant le pouvoir des modérés dans notre pays", a déclaré Rezlan Ishar Jenie.
De son côté, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a demandé mercredi à l’armée de participer à la lutte contre le terrorisme.
• Achmad Sukarsono (Reuters)