La télévision a de moins en moins bonne presse. Après les conclusions des instituts de notation et de mesure d’audience qui ont dit la désaffection du public à l’égard de la production marocaine, ce sont les députés qui pointent du doigt le rendu des chaînes nationales. Lundi lors de la séance des questions orales à la première Chambre, la majorité des groupes ont estimé que l’audiovisuel est en deçà de ce qu’on en attend, en particulier que les téléspectateurs n’en ont pas pour leur argent. Du coup on reparle des fameux cahiers des charges. Au commencement, c’était un rapport de Marocmétrie, l’organisme qui mesure l’audience des émissions télévisées. Dans un rapport sur l’attrait des composantes du pôle public durant les premiers jours du mois de jeûne, il publie des chiffres qui établissent que «les téléspectateurs délaissent les chaînes marocaines pour les étrangères». Ce qui montre que sitcoms, émissions et feuilletons diffusés aux heures de grande audience n’ont rencontré pour l’essentiel qu’un «succès d’estime». Marocmétrie note que 50,5% des téléspectateurs se sont tournés vers les chaînes étrangères quand 36,7% ont préféré rester fidèles à 2M, 8% à RTM et seulement 3,9% à Almaghribia. Il relève en outre qu’aux heures de grande audience, 2M réalise le plus grand score avec 56,1% du nombre des téléspectateurs rivés à leur écran contre 32% aux chaînes étrangères et seulement 9% à RTM. Des commentateurs ont cependant estimé que ce regain d’intérêt est normal en période de Ramadan où la grande audience coïncide avec l’heure de la rupture du jeûne. «Il faut bien se convaincre de l’appel à la prière d’Almaghrib qui marque la rupture du jeûne, et cela ce n’est pas sur les chaînes étrangères que cela se constate. Mais après, on décroche, pour regarder sur les chaînes étrangères des émissions plus plaisantes et qui ont un sens». Les données sur l’audience télévisuelle ont également révélé qu’un téléspectateur citadin sur deux choisit les chaînes étrangères, quand 37% des préférences vont à 2M. Dans le monde rural, 30% des téléspectateurs regardent les étrangères tandis que 59% restent fidèles à 2M. Les questions orales au Parlement ont-elles révélé les coûts ? Pour leur production du mois de Ramadan, les 2 chaînes ont dépensé 73 millions de dirhams dont 36 pour la première chaîne qui aurait réussi à comprimer ses dépenses de quelque 10 millions par rapport à leur niveau de l’année dernière. Selon le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement pour qui les seuls programmes diffusés aux heures de grande audience ont coûté 19,8 millions de dirhams, l’amélioration de la qualité de la production audiovisuelle est une responsabilité partagée. Il a annoncé que les cahiers des charges seront fin prêts dans les semaines qui viennent.