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Aviation militaire : le brésilien Embraer futur fournisseur du Maroc ?

© D.R

Le biréacteur KC-390 atterrit au Royaume quelques semaines après la visite d’officiers des Forces Royales Air (FRA) au Portugal pour découvrir l’aéronef de près

Equipements militaires. Le Maroc, qui pilote depuis quelques années une solide politique de modernisation de ses équipements militaires, pourrait se tourner vers ses partenaires lusophones, à savoir le Brésil et le Portugal, qui ont conjointement développé un avion de transport militaire tactique similaire à l’engin US, Hercules. Décollage imminent.

La coopération militaro-industrielle entre le Maroc et les pays lusophones pourrait bientôt prendre son envol. Le biréacteur KC-390 a atterri il y a quelques jours au Royaume et ce, quelques semaines après la visite d’officiers des Forces Royales Air (FRA) au Portugal pour découvrir l’engin de près. Les observateurs du domaine, notamment en Espagne où les médias se sont fait l’écho de l’atterrissage de l’engin brésilien, pensent que le biréacteur KC-390 Millennium à usage militaire, fabriqué au Brésil, pourrait faire l’objet de «tests» sur place en vue d’une potentielle acquisition.

Dans les détails, cet avion, également appelé Embraer KC-390, est un engin de transport de taille moyenne, propulsé par deux réacteurs et conçu par la société aérospatiale Embraer. Il s’agit du plus gros avion que l’entreprise ait fabriqué à ce jour. Il est ainsi capable de transporter jusqu’à 26 tonnes de charges, y compris des véhicules blindés à roues. D’ailleurs, sa taille est similaire à celle du Lockheed C-130 Hercules, l’avion de transport militaire conçu par les États-Unis et toujours en service, notamment au Maroc. Il faut dire que l’entreprise brésilienne avait commencé dès 2006 la conception d’un transport militaire tactique similaire au Hercules. Le KC-390 dispose ainsi d’une rampe arrière pour charger et décharger de gros volumes. Le prix unitaire est estimé à environ 50 millions de dollars, contre 130 millions pour ses principaux concurrents. L’équipage est composé de deux pilotes et d’un responsable du fret. Il peut transporter jusqu’à 26.000 kg ; 80 soldats ; 74 brancards et 8 auxiliaires, soit 66 parachutistes. Sa vitesse maximale de fonctionnement est de 992 km/h, avec une autonomie de 2.820 km avec une charge de 23.000 kg ; 3.220 km avec une charge de 19.000 kg ; 5.820 km avec 14.000 kg de charge.

Visite au Portugal
Les choses semblent s’accélérer entre le Maroc et le fabricant lusophone. C’est d’autant plus vrai que l’atterrissage de l’avion en question à Rabat intervient quelques semaines seulement après la visite d’une délégation militaire marocaine au Portugal. Dans ce sens, le ministère de la défense portugais avait annoncé avoir reçu entre «les 9 et 10 janvier 2024 la visite d’une délégation marocaine dans le cadre des entretiens bilatéraux promus par la Direction générale de la politique de défense nationale». La même source avait fait savoir que «le but de la visite était de faire connaître le fonctionnement du KC-390 développé par l’armée de l’air portugaise, à travers une visite à l’escadron 506 à la base aérienne n°11, à Beja, où il a été possible de fournir des détails techniques sur l’usine opération à bord de l’avion, ainsi que la visite du premier KC-390 portugais. Compte tenu de la participation de l’industrie de défense nationale à ce programme, le déplacement comprenait également une visite aux installations de l’OGMA. Créée en 1918, cette dernière a connu un nouveau départ en 2005 lorsque le gouvernement portugais a privatisé 65 % du capital de l’entreprise».

Pour les responsables portugais, «ce fut le début d’un effort très important visant à rendre OGMA plus compétitive à l’échelle mondiale, en s’étendant sur de nouveaux marchés». Il faut préciser que l’usine OGMA est un fleuron de l’industrie militaire portugaise. En 2012, l’entrée d’Embraer au capital d’OGMA avait marqué le début d’une nouvelle étape. Actuellement, le gouvernement portugais détient 35 % du capital de l’entreprise, les 65 % restants étant détenus par Embraer. A noter que l’entreprise portugaise propose des solutions intégrées pour plusieurs avionneurs tels que Embraer, Dassault, Airbus Military, Lockheed Martin, Pilatus Aircraft et Leonardo. Actuellement, OGMA participe à certains des programmes les plus importants de l’industrie aéronautique.

Accord de défense
La conclusion d’un contrat entre le Maroc et ses partenaires lusophones pourrait être synonyme dans une nouvelle étape dans le domaine de l’industrie militaire naissante au Royaume. Pour rappel, le Sénat brésilien avait approuvé au printemps de 2023 l’accord-cadre de coopération en matière de défense avec le Maroc, signé à Brasilia le 13 juin 2019. Le texte, qui avait déjà été approuvé par la Chambre des députés (Chambre basse) à la mi-février de la même année, met l’accent sur la coopération dans les domaines de la recherche, du développement et du soutien logistique, en plus de la promotion de l’acquisition de produits et services de défense. Le rapporteur du texte, le sénateur Esperidiao Amin (Progressistes, Santa Catarina) avait affirmé à cette occasion que «dans le respect absolu de la souveraineté des deux pays, le texte promeut la coopération entre les deux parties, dans le cadre d’un climat propice au partage des connaissances et expériences».

L’accord, qui sera promulgué incessamment par le président de la Chambre haute, «prévoit aussi des entraînements conjoints et la coordination des actions relatives aux systèmes d’équipement dans le domaine de défense», avait-il alors ajouté. En effet, le texte met l’accent sur les domaines de la recherche et du développement et du soutien logistique, en plus d’encourager l’acquisition de produits et services de défense. Un autre objectif consiste à partager les connaissances et l’expérience acquises dans les opérations des forces armées des deux pays, y compris les domaines de la science et de la technologie.

L’accord porte également sur la promotion d’actions conjointes d’entraînement et d’instruction militaires, d’exercices militaires conjoints et d’échanges d’informations en la matière. En outre, il traite de la collaboration dans les systèmes et équipements de défense. Le texte concerne aussi la mise en œuvre et le développement de programmes d’application des technologies de défense, compte tenu de la participation de l’industrie du secteur dans les deux pays et du transfert de technologie et de savoir-faire entre le Maroc et le Brésil. Le Projet de décret législatif (PDL) 1101/2021, qui a bénéficié du soutien des partis du gouvernement comme de l’opposition, prévoit par ailleurs «l’échange de visites de délégations des deux pays, des échanges d’instructeurs et d’étudiants d’établissements d’enseignement militaire». L’accord encadre également la participation à des cours théoriques et pratiques, des manifestations culturelles et sportives, l’entraide humanitaire et la formation sanitaire militaire.

Le projet de décret, qui définit par ailleurs les règles de la responsabilité civile encadrant cette coopération, avait été signé lors d’une visite au Brésil du ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. Lors de cette visite, les deux pays avaient signé sept accords portant sur divers domaines allant de l’investissement à la défense, en passant par l’entraide judiciaire et la non double imposition pour le transport maritime et aérien.

Renouvellement d’aéronefs
Industrie. L’Etat marocain et Sabena Aérospatial ingénierie, S.A, du Groupe Blueberry, avaient conclu en 2022 un accord pour la mise en œuvre d’un partenariat stratégique afin de fournir des services de maintenance, de réparation et de renouvellement d’aéronefs au profit de la Royal Force Air et d’autres clients et le renforcement de l’industrie aéronautique au Maroc, ainsi que la mise en place d’un centre spécialisé dans ce domaine. Dans ce cadre, une convention avait été signée pour la mise en place de la plateforme dédiée à l’entretien, la réparation et la révision des aéronefs entre l’Administration de la défense nationale, le ministère de l’économie et des finances et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) ainsi que MedZ, déterminant les obligations de toutes les parties ainsi que les modalités de financement et de soutien, afin de mettre en œuvre le projet. L’activité principale de la société créée et dénommée MAA consiste en l’acquisition de biens immobiliers et la construction de toutes les infrastructures et bâtiments pour la première phase du projet.

A noter que le Maroc compte déjà mettre à niveau un escadron de ses F16. Les F5 marocains seront également mis à jour. Lockheed Martin avait annoncé que les Forces Royales Air (FRA) vont obtenir pour leur escadron de chasseurs F-16 B un équipement de 23 kits Viper F16 pour moderniser les actuels F-16 marocains. La modernisation des 23 F-16 Viper, qui seront équipés de radars de 5e génération, se fera en deux étapes. La première consiste à envoyer des ingénieurs marocains aux Etats-Unis pour participer à la rénovation d’un appareil et maîtriser le processus technologique. Les 22 autres appareils restants seront modernisés au Maroc à la «Base Ecoles des Forces Royales Air et l’Ecole Royale de l’Air, Marrakech» par des équipes militaires marocaines formées pour la modernisation et la qualification des chasseurs des FRA. Les livraisons des 25 F-16 neufs et des 23 F-16 Viper rénovés sont attendues pour 2026, selon Lockheed Martin.

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