"J’annonce aujourd’hui mon intention de quitter mon siège à la Chambre des représentants", a annoncé M. DeLay aux électeurs de Sugarland, en banlieue de Houston (Texas, sud). "Cette démission sera effective avant la mi-juin, mais cela dépendra du calendrier parlementaire", a précisé M. DeLay. Ce dernier avait remporté au début du mois la primaire républicaine organisée dans sa circonscription, ce qui l’assurait de pouvoir être candidat à sa réélection lors des élections parlementaires du 7 novembre. Mais, comme il l’a expliqué lors d’un entretien sur la chaîne Fox, c’était une campagne "très brutale" et ayant acquis une dimension nationale, l’état-major démocrate ayant misé gros pour prendre sa revanche sur un homme qui avait méthodiquement oeuvré à pratiquement l’éliminer du paysage politique texan. Aussi, M. DeLay a-t-il pu présenter son retrait comme "le jour le pire de la campagne" de son opposant démocrate, l’ancien représentant Nick Lampson qui avait personnellement été victime en 2002 d’un nouveau découpage électoral orchestré par l’ancien homme fort du Congrès. Le retrait de la vie politique de M. DeLay, après plus de 20 ans passés au Congrès, tire également les conséquences de son implication dans deux affaires qui n’en finissent pas d’empoisonner le climat politique. Depuis septembre, il est sous le coup d’une inculpation dans une affaire de financement électoral au Texas et qui, malgré ses protestations d’innocence et la mobilisation de ses avocats, n’est toujours pas passée en jugement. En outre, son nom est de plus en plus fréquemment cité dans le plus gros scandale à éclabousser le Congrès américain depuis plusieurs décennies, l’enquête sur un système de corruption active mis en place par le lobbyiste républicain Jack Abramoff. M. Abramoff, qui collabore à l’enquête depuis janvier, avait recruté notamment l’ancien attaché de presse et l’ancien directeur de cabinet de M. DeLay, qui tous deux ont également passé un accord avec l’accusation pour lever le voile sur leurs agissements.
"La gauche a essayé d’utiliser cette affaire pour me proclamer coupable par association, mais j’ai toujours servi honorablement et éthiquement", a pourtant assuré M. DeLay mardi, s’affichant serein. Il est pourtant avéré, selon les aveux de M. Abramoff, que M. DeLay avait notamment bénéficié de luxueux voyages aux frais du lobbyiste.
L’étau semble désormais se resserrer sur lui. Réagissant avec sobriété à la démission de M. DeLay, les principaux responsables républicains ont rendu hommage à son efficacité de chef de la majorité, le créditant d’avoir fait adopter de larges pans du programme de la majorité. "Des lois conservatrices allant de la réforme des allocations sociales à un budget en équilibre, en passant par les réductions d’impôt, la réforme scolaire et l’interdiction d’une procédure d’avortement tardive, portent toutes la signature de M. DeLay", a ainsi déclaré le président du parti républicain Ken Mehlman. Le président George W. Bush a indiqué pour sa part que M. DeLay, qui fut un allié précieux de la Maison-Blanche, l’avait personnellement averti de sa "difficile décision" dès lundi, et il lui a adressé "tous (ses) meilleurs voeux" pour l’avenir. Dès les aveux de M. Abramoff, le Congrès s’est lancé dans une opération d’assainissement de ses rapports avec le monde du lobbying. Le Sénat a déjà adopté une réforme de ses pratiques la semaine dernière, jugée toutefois insuffisante par des militants de la lutte contre la corruption, comme le républicain John McCain. La Chambre doit s’attaquer à ce dossier dans les semaines qui viennent.