Trois morts et 22 blessés à Maymana, en Afghanistan. C’est le bilan de la riposte de soldats norvégiens après avoir été pris pour cibles par une foule de manifestants. A Peshawar, c’est la plus grande manifestation organisée à ce jour au Pakistan. 5.000 Pakistanais se sont rassemblés pour protester contre la publication de caricatures du Prophète. Aux Philippines, la police a dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser les foules. Décidément, rien ne semble pouvoir arrêter la flambée de protestations. Et pour cause. Hier encore, un hebdomadaire croate, nommé «Nacional», a publié, dans une nouvelle tentative de provocation, les douze caricatures controversées. Ce journal, l’un des plus influents de la Croatie, se demandait si « l’Occident, riche de toutes ses valeurs et traditions, doit accepter les ultimatums d’une partie des musulmans radicaux » et « leur dictature religieuse et culturelle ».
Une question qui devrait en appeler une autre, que l’hebdo a pratiquement oublié de se poser : A quoi sert encore de publier ces caricatures, si ce n’est pour jeter de l’huile sur le feu ? Du côté du Kosovo, la présidence de la communauté islamique a condamné mardi la publication en Europe des dessins iconoclastes. Si cette communauté, qui constitue 96% de la population du Kosovo, a déclaré «comprendre la révolte des musulmans à travers le monde contre la publication des caricatures du Prophète Mohammed», elle a déploré «la transformation d’une telle révolte en destruction». L’incident regrettable qui s’est produit hier devant la base des soldats norvégiens située à Maymana, offre ici une preuve tragique. Dans cette région du nord-ouest de l’Afghanistan, les soldats avaient été pris à partie pour la simple raison qu’ils viennent de la Norvège, pays «black-listé» pour avoir toléré, après le Danemark, la publication des caricatures en question. L’Iran, elle, a préféré rendre la pareille aux auteurs de cet acte condamnable. Une publication iranienne a lancé à son tour un concours de caricatures sur l’Holocauste, considérant que les caricatures, par qui le scandale est arrivé, porteraient la signature des «sionistes». Du côté d’Amman, soixante-quatre députés, sur les 110, ont présenté hier une pétition au gouvernement jordanien pour annuler les accords avec le Danemark, la Norvège et la Nouvelle-Zélande et boycotter leurs produits. Après avoir accusé réception de cette pétition, le gouvernement a promis « d’étudier cette requête selon les intérêts nationaux ». Face aux protestations et aux appels au boycott, l’Union européenne envisage de lancer une contre-offensive. L’UE a prévenu qu’elle prendrait des mesures contre tout pays qui boycotterait des produits danois et européens en général. Le bras de fer, paraît-il, ne fait que commencer.