La commission chargée du scandale des 30.000 emplois fictifs, dont la création a été décidée lors du conseil d’administration de l’Anapec mercredi 18 décembre, devait démarrer ses travaux ce vendredi 20, au siège de la primature. Le responsable de cette grosse arnaque, le directeur général de l’agence, n’a bénéficié, selon une source proche du dossier, que d’un sursis. “ C’est par égard que le Premier ministre a évité de lui signifier son limogeage en plein conseil“, nous a confié un autre membre du Conseil d’administration. Un autre explique que Driss Jettou attend de trouver un remplaçant avant de licencier l’actuel directeur général.
Il est vrai aussi que le ministre Moulay M’Hamed Khalifa a défendu crânement le capitane Rached en tentant de lui trouver des circonstances atténuantes dans une affaire où celles-ci ne sont qu’exténuantes. Mais la décision de se séparer de l’intéressé est acquise. Il ne pouvait pas en être autrement. C’est juste une affaire de temps. “Autrement, c’est la crédibilité du gouvernement qui serait en jeu“, déclare un participant.
Avec celui du mercredi 18 décembre, l’Anapec en est juste à son deuxième conseil. Mais quel exploit a-t-elle réussi peu de temps après sa création en 2000 ! embarquer plusieurs milliers de Marocains en quête d’embauche dans une escroquerie du siècle qui a pour titre : 30.000 emplois à bord de bateaux de croisière en Europe et en Amérique. Les illusions des candidats, menés ainsi par Rafik Rached et les escrocs d’Al Najat, se sont fracassées comme le fameux Titanic.
Après cet immense gâchis social, M. Rached, au lieu de faire amende honorable, a eu le culot devant les membres du Conseil d’administration de boter en touche. “ C’est l’ambassade du Maroc aux Émirats-Arabes unis qui nous a induit en erreur“, a-t-il dit en substance.
Cet argument n’en est pas un. Car quand bien même cette ambassade ait recommandé l’agence Al Najat Marine Shipping, cela ne dispensait nullement les responsables de l’Anapec et les services du ministère de l’Emploi de faire leur travail de vérification du bien-fondé de l’opération de recrutement. Driss Jettou n’a pas manqué d’épingler la légèreté assourdissante avec laquelle ce dossier a été traité du début jusqu’à la fin. “ Cette supposée affaire d’embauche ne concernait pas seulement une centaine de personnes. C’était 30.000 candidats qui étaient concernés“. Manière de signifier à son interlocuteur qu’il a failli dans mission.
ALM a fait l’enquête que l’Anapec n’a pas menée à ce sujet. Ayant découvert le pot-aux-roses quelques semaines après le démarrage de dépôt des candidatures, nous avons publié, preuves à l’appui, le résultat de nos investigations dans de nombreux articles pour attirer justement l’attention des concernés, à commencer par le directeur général de l’Anapec. Mais celui-ci, pour des raisons que nous ignorons (peut-être qu’une commission d’enquête nous éclairera à ce sujet), n’a même pas daigné téléphoner à notre journal pour tenter de vérifier si nos informations éteint fondées ou pas.
Curieux non ? La seule fois où M. Rached s’est signalé à la rédaction de ALM c’était par correspondance : une mise au point, que nous nous sommes d’ailleurs fait un plaisir de publier, où il menaçait de traîner notre publication devant la justice pour diffamation. En vérité, tout nous semblait gros dans cette malheureuse affaire. D’abord et surtout les 900 Dhs de la visite médicale, déboursés par chaque candidat à la clinique Dar Salam à Casablanca qui a obtenu, autre bizarrerie, le monopole des examens. Pas besoin d’être un diplômé en l’on sait quoi pour sentir tout de suite l’arnaque à plein nez…Chafik Rached, lui, semble avoir fait confiance à son ex-ministre de tutelle, Abbas El Fassi, qui a fait porter cette fausse opportunité d’embauche sur les fonts baptismaux. Est-ce pour cela que Rached a plongé sans se poser de questions en entraînant avec lui des milliers de victimes ? Et maintenant qui va payer les pots cassés ?