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Conflits d intérêts : L ICPC construit sa stratégie de lutte contre la corruption

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Plus qu’un atelier, une plate-forme vers une stratégie en matière de prévention et de lutte contre la corruption, c’est ainsi que ses organisateurs ont voulu «l’atelier sur les conflits d’intérêts» auquel ils ont invité vendredi à Rabat experts, délégués d’ONG et représentants des associations de la société civile.
Pour le président de l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) en particulier, cet atelier marque une étape déterminante vers la vision globale à laquelle il n’a cessé d’appeler, la tenant pour cause de succès ou de faillite du projet d’éradication de la malgouvernance. Abdeslam Aboudrar qui a qualifié la rencontre de saut qualitatif dans la série des chantiers initiés par l’ICPC, a déclaré que le but en est de doter la lutte contre la corruption de la dimension stratégique nécessaire à en assurer l’efficacité maximale, de faciliter l’accès à l’information, de tracer le cadre juridique de l’instance nationale pour la probité et de préciser la notion des conflits d’intérêts. Il a estimé que cette dernière notion est un point nodal dans la problématique de la corruption. Il ne suffit pas d’édicter des lois, a-t-il affirmé, il faut encore veiller à leur application. Plus, a-t-il laissé entendre, il faut faire de la lutte contre les mauvaises pratiques l’affaire de tous en l’élevant au rang de fait culturel. Abdeslam Aboudrar qui a placé l’organisation de l’atelier dans cette optique, a également considéré que la plateforme préliminaire pour le traitement des conflits d’intérêts, présentée par l’ICPC lors de cette réunion, est une nouvelle contribution de l’instance à la lutte contre la corruption dans le Royaume. Les représentants de l’UE et de Sigma (Initiative conjointe de l’OCDE et de l’Union européenne) ont jugé pour leur part que malgré les efforts déployés et le partenariat grandissant entre le Maroc et l’UE, le Royaume a rétrogradé au palmarès de la lutte contre la corruption. Ils ont cependant estimé que l’action commune sera poussée plus en avant maintenant qu’elle est assurée d’une stratégie. Francisco Cardona de Sigma a en effet considéré que si le conflit d’intérêts est au centre de la problématique de la corruption, il faut s’attendre à ce qu’il s’aggrave avec le temps.
Les sociétés modernes devenant de plus en plus complexes et entraînant une interdépendance de plus en plus grande des différents intérêts, il faut préciser ce qu’est le conflit d’intérêts, énoncer les sanctions susceptibles d’être énoncées en cas de transgression de la règle et veiller à leur application. L’atelier est organisé en partenariat avec Sigma, le soutien à l’amélioration des institutions publiques et des systèmes de gestion, qui est une initiative conjointe de l’OCDE et l’Union européenne. Six pays y participent. Trois représentants de l’Europe à forte tradition démocratique – Espagne, Portugal et Italie- et trois nouvelles démocraties – Lituanie, Lettonie et Pologne. Ce benchmark aurait été dicté par le souhait de s’inspirer de la tradition de résolution des conflits d’intérêts de l’ancienne Europe et de l’usage qui en a été fait dans les nouveaux pays européens.

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