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Cousue de fil blanc

L’affaire de l’Anapec est en train d’être baladée de commission en commission pour, soit-disant, faire la lumière sur un scandale déjà très éclairant par plusieurs de ses aspects… Les responsabilités sont claires. Celle du directeur général de l’Anapec, Chafik Rached, est bel et bien engagée.
L’affaire, à ce niveau-là, est entendue. La supposée opération d’embauche de 30.000 Marocains à bord de bateaux de croisière est cousue de fil blanc. Les mécanismes de cette gigantesque escroquerie n’auraient jamais pu fonctionner sans un minimum de complicité locale.
Invoquer la naïveté comme argument dans ce cas précis est difficilement recevable. Dans les autres pays comme le Kenya et la Syrie… où l’agence émiratie Al Najat Marine Shipping a réussi à vendre la même arnaque, les responsables du département de l’Emploi ont été relevés de leurs fonctions aussitôt que le pot-aux-roses fut découvert. L’Anapec a-t-elle livré, en connaissance de cause, des milliers de jeunes marocains à des escrocs internationaux ? La question effleure naturellement les esprits. Comment se fait-il, en effet, qu’une telle opportunité de recrutement ait été négociée en dehors du conseil d’administration de l’Anapec, du conseil de gouvernement de l’époque et des services du ministère de l’Emploi ? Pourquoi Chafik Rached a-t-il cru nécessaire de gérer tout seul cette grosse opération en coordination avec son ministre de tutelle Abbas El Fassi? Qui de l’un a induit l’autre en erreur ? Savaient-ils tous les deux ? En invoquant les lettres de l’ambassade du Maroc aux Émirats-arabes qui ont donné leur onction aux activités de l’agence émiratie, le duo Abbas El fassi-Chafik-Rached fait état en vérité d’un alibi qui, a priori, le dédouane mais ne le disculpe pas. Peut-être qu’un membre de cette ambassade était de mèche avec les margoulins d’Al Najat …Pour s’introduire au Maroc, ces derniers avaient besoin en effet d’une correspondance officielle diplomatique…C’est sur cette base que l’Anapec pourra dérouler le tapis rouge à des escrocs avec l’idée de se défausser, une fois la fumisterie révélée au grand jour, sur le ministère des Affaires étrangères. “ C’est pas nous, c’est les autres“.
Tout dans cette malheureuse affaire a été conçu, étudié pour noyer le poisson. C’est-à-dire personne n’est responsable.
Mais personne n’est dupe. Tout à sa volonté de résoudre ce casse-tête social avec son tact habituel, le nouveau ministre de l’Emploi Mustapha Mansouri promet de l’embauche à certaines victimes et des indemnisations aux autres. Mais force est de constater que la réponse à opposer à ce dossier ne doit pas être de type administratif avec une flopée de commissions et des promesses à tire-larigot. C’est à la justice de se prononcer sur cette escroquerie au nom du droit de savoir et de la fin de l’impunité. Il faut pouvoir déterminer les responsabilités. À commencer par le vrai rôle de l’Anapec dans cette obscure histoire et celui de la clinique Dar Salam qui a fait office de tiroir-caisse. Au fait par quel canal a transité le produit de l’arnaque ? Arrêtons de continuer à noyer le poisson et à mener les victimes en bateau.

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