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Difficile normalisation en Irak

Représailles contre les anciens membres du parti Baas, tensions interethniques et sévère pénurie de carburant entravent la lente marche vers la normalisation de l’Irak de l’après-Saddam Hussein. La capture de l’ancien président a relégué son régime aux oubliettes de l’histoire. Sa chute a en même temps révélé au grand jour des tensions et des conflits qui ont été étouffés par l’autoritarisme du passé. Dans les dix jours qui ont suivi la capture de l’ex-Raïs, au moins quatre membres de son parti ou de son administration, ont été abattus à travers le pays, dans ce qui apparaît comme des règlements de compte. Lundi, des inconnus ont tué par balle un ancien membre des services de sécurité dans la ville pétrolière de Kirkouk (nord). Trois jours plus tôt, un ancien dirigeant du Baas et son fils ont été tués à Najaf, ville sainte chiite au sud de Bagdad.Le même jour, un autre ex-responsable du Baas a été abattu dans la même ville, symbole du martyre des chiites majoritaires sous Saddam Hussein. Ces représailles, même si elles ne sont pas les premières du genre, se sont ainsi multipliées récemment. Les Américains, qui s’attendaient en entrant en Irak, à des représailles à grande échelle ont été surpris que rien de tel n’ait accompagné leur progression vers Bagdad. Mais avec le temps qui passe, les rancoeurs du passé ont commencé à émerger, les Irakiens commençant à réaliser que l’ancien régime est à jamais enterré et que le prochain risque de leur demander des comptes en cas de représailles. Les agressions contre les anciens du Baas, des sunnites dans leur majorité, et des attaques contre des mosquées de cette communauté dans Bagdad ont exacerbé la tension avec les chiites. Les chefs religieux sunnites commencent à donner de la voix, comme le cheikh Abdel Salam Kobeissi qui a mis en garde récemment contre un conflit interconfessionnel et averti que ses coreligionnaires n’hésiteraient pas « à prendre les armes pour se défendre ». Les chiites sont en colère depuis que l’un de leurs chefs, Mohammed Baqer Hakim, a été tué dans un attentat qui a fait plus de 80 morts en août, dont ils ont accusé les baassistes et les extrémistes sunnites. D’un autre côté, les Kurdes en adoptant une position plus radicale ajoutent à la tension entre les ethnies. Après la capture de Saddam Hussein, les Kurdes ont ouvertement revendiqué la ville pétrolière de Kirkouk, arabisée par l’ancien dictateur. Dans une démonstration de force, quelque 10.000 manifestants ont défilé lundi dans la ville pour demander qu’elle soit rattachée aux provinces autonomes kurdes, avant la nouvelle constitution qui prévoit un Irak fédéral, un système défendu ardemment par leurs chefs politiques. Dans cette ambiance de surchauffe politique, la crise de carburant affecte l’ensemble des Irakiens et l’activité économique dans le pays. Les files de voitures ne cessent de s’allonger devant les stations-services du pays, qui dispose pourtant des secondes réserves pétrolières mondiales après celles de l’Arabie saoudite. Les sabotages répétés d’installations pétrolières, notamment les oléoducs, affectent la capacité de raffinage du pays et les coupures d’électricité compliquent la situation. L’un des oléoducs alimentant la raffinerie de Baïji à partir des champs de Kirkouk, la plus importante du pays avec une capacité de 300.000 barils par jour, a subi trois dégradations lors des quatre derniers jours.

Ned Parker (AFP)

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