«La description des tares sociales du Maroc laisse voir que l’un des défis auxquels le pays se trouve confronté est la crise de production et reproduction des élites à la mesure des ambitions de notre pays». Le constat fort qui a été dressé, lundi à Rabat lors de l’ouverture des séminaires «Pour une jeunesse responsable», initiés par l’Organisation marocaine des jeunes décideurs (OMJD), par Driss Guerraoui est pertinent. Il l’est de par l’état stationnaire remarqué dans différents domaines. Pour le secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental qui animait une analyse-débat intitulée «Le rôle du citoyen: débat et alternatives», cette crise s’étale à plusieurs champs. A commencer par la politique en passant par le domaine syndical et autres.
Vitalité de deux domaines
«Il reste deux domaines où il y a une certaine vitalité. Celui de la société civile et celui de l’élite économique», précise M. Guerraoui, également académicien, qui estime que «l’université marocaine n’arrive pas à produire une masse critique». Pour lui, la société civile parvient à se réinventer de par les initiatives de certaines associations à l’instar de celle entreprise par l’OMJD. «C’est un point de départ», a-t-il enchaîné en soulevant une autre forme de crise. Celle de l’engagement citoyen qui est due aux transformations notoires de la société marocaine.
Complexité de la société
«Nos sociétés sont devenues très complexes», a ajouté M. Guerraoui en avançant certaines recommandations aux jeunes participants aux séminaires qui s’étaleront jusqu’au 13 juillet dans le cadre du projet «Citoyenneté et vie publique». «Si l’on veut être actif, il faut se remettre en cause. Nous devrions être attentif si l’on veut être efficaces», a exhorté l’académicien qui trouve que l’évolution se fait dans un environnement d’insécurité. C’est pourquoi «il faudrait développer une veille stratégique à travers la capacité d’innover pour être rentable». Dans la même lignée des recommandations, le secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental estime qu’il n’y a plus de droits acquis. «Tout doit être acquis par le labeur, l’innovation et le génie», a-t-il insisté. Quant à la complexité de la société, M. Guerraoui précise que, pour y faire face, «il faut une nouvelle génération de citoyens informés, bien formés, ainsi que des citoyens qui prennent des risques». «Notre pays le fait mais pas au rythme que nous voulons», a-t-il constaté. Pour l’académicien qui croit en une sagesse populaire, «tous les Marocains ont conscience des enjeux de la société».
Revoir les missions de l’école
Et afin de résorber ladite complexité, il faut, selon l’interlocuteur qui a exprimé sa joie de participer à une telle rencontre, renforcer les missions de l’école. «Il faut que l’école apprenne à la citoyenneté responsable et la production du génie», a-t-il détaillé en précisant que le Maroc a besoin d’une vraie révolution culturelle.
Expérience de l’OMJD
Ce sont les jeunes qui sont susceptibles de contribuer à cette mutation. L’expérience de l’OMJD, qui ambitionne de contribuer à la formation des jeunes étudiants et créer une plate-forme de débat créateur d’alternatives, est exemplaire.
Le responsable de cette structure n’a pas manqué, tout comme M. Guerraoui, de donner des conseils aux jeunes participant à cette rencontre qui devait également connaître la participation de Mamoun Bouhdoud, ministre chargé des TPE et de l’intégration du secteur informel.
«Croyez en ce que vous faites, armez-vous de principes éthiques et constructifs et travaillez dur pour atteindre vos objectifs», a recommandé Youssef Oukhallou, président de l’OMJD. «A l’OMJD, nous n’avions rien à part une idée, une philosophie et des principes. Et finalement, nous avons franchi plusieurs obstacles et réussi à réunir plus de 400 membres à l’échelle nationale et des partenaires internationaux de renom», a-t-il rappelé.