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Égypte : Premier dialogue officiel en 50 ans entre le pouvoir et les Frères musulmans

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Le pouvoir égyptien a pour la première fois en un demi-siècle discuté publiquement dimanche avec les Frères musulmans, la puissante confrérie islamiste devenue un acteur incontournable pour sortir de la crise qui paralyse le géant arabe. Des responsables des Frères musulmans, la principale force d’opposition du pays, participent depuis dimanche au dialogue national auquel les forces politiques ont été conviées par le vice-président Omar Souleimane. «Nous y allons principalement pour discuter de la transition, de l’élection d’un nouveau président et d’un nouveau Parlement qui représente le peuple», a déclaré à l’AFP Essam al-Aryane, haut responsable de la confrérie. Dans la foulée du soulèvement populaire en Tunisie, l’Egypte, le plus peuplé des pays arabes avec ses 80 millions d’habitants, est en proie à une vague de contestations sans précédent réclamant le départ du président Hosni Moubarak, qui dirige le pays d’une main de fer depuis près de 30 ans. Les Frères musulmans sont sur les barricades de l’emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire, dans les rues d’Alexandrie, la deuxième ville du pays, et se mêlent à chaque fois à des opposants laïques, à des gauchistes et à de jeunes adeptes des réseaux sociaux sur internet. L’organisation fondée en 1928 par Hassan al-Banna a été dissoute pour la première fois en 1948, puis à nouveau en 1954. Depuis, les "Ikhwan" (frères, en arabe) sont toujours Interdits. «Le vice-président Omar Souleimane qui les exhorte à une rencontre, c’est une preuve qu’ils (les Frères) sont déjà légalisés», estime Rabab al-Mahdi, professeur à l’Université américaine du Caire. «Ce ne sont pas les premiers contacts, mais les premiers contacts officiels» depuis l’interdiction de la confrérie, nuance Tewfik Aclimandos, chercheur associé au Collège de France. La Coalition nationale pour le changement, dont les Frères musulmans font partie, demande le départ immédiat du président Hosni Moubarak, la formation d’un gouvernement de transition, la levée de l’état d’urgence, des réformes constitutionnelles et des élections libres. «La légalisation peut apporter beaucoup à la confrérie», car elle pourrait y gagner une liberté de mouvement, d’association, le droit de participer aux élections, et un accès aux médias, explique M. Aclimandos. Pour plusieurs analystes, il n’est pas sûr pour l’instant que le dialogue avec l’opposition initié il y a trois jours par le pouvoir et auquel se sont joints dimanche les Frères musulmans, ne soit pas une stratégie du gouvernement pour gagner du temps. «Une sortie de crise sans les Frères musulmans, ce n’est pas possible, car c’est la première force d’opposition du pays», assure M. Aclimandos, rappelant cepedant que malgré son appel à la démocratie, la confrérie maintient un agenda théocratique. Ce qui embarrasse plusieurs chancelleries occidentales, à la fois favorables à la démocratie dans le monde arabe, mais rétives à une accession des islamistes au pouvoir par les urnes. «L’islamophobie est prédominante non seulement dans dans les sociétés européennes et américaines, mais au sein des gouvernements. Il y a une peur que tout cela mène à un Etat islamique», estime Mme. al-Mahdi. «Mais cela est trompeur (…), tous les mouvements islamiques ne sont pas les mêmes».

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