Les Etats-Unis ont récemment laissé entendre qu’ils envisageaient des contacts informels avec des membres de la confrérie des Frères Musulmans en Egypte après leurs bons résultats à l’issue des dernières élections législatives. Les Frères musulmans, dont le slogan est "l’Islam est la solution", ont affirmé avoir remporté 88 sièges (20%) un record historique. Washington a refusé de reconnaître formellement la percée spectaculaire de ce parti islamiste -interdit mais toléré- préférant saluer le nombre sans précédent d’"indépendants" qui ont gagné aux élections malgré le climat de violence qui a accompagné le scrutin.
Un haut responsable du département d’Etat ayant requis l’anonymat a laissé entendre que des officiels américains pourraient prendre contact avec des membres victorieux des Frères musulmans, devenus des acteurs majeurs dans la vie politique égyptienne même sans avoir le statut d’un parti officiel. "Je m’attends à ce qu’ils rencontrent les candidats indépendants", a indiqué ce responsable qui s’adressait aux journalistes. Le porte-parole adjoint du département d’Etat Adam Ereli a indiqué que les Etats-Unis respecteront la loi égyptienne qui interdit de nouer formellement des contacts avec cette confrérie et de la considérer comme un parti. Ereli a tenu à souligner que les Frères musulmans étaient élus en tant qu’indépendants et quant à savoir si Washington traiterait avec eux il a répondu : "Il n’y a pas d’injonction à ce que je sache qui nous empêcherait de le faire".
L’influence grandissante des islamistes en Egypte a mis dans l’embarras Washington qui cherche d’une part à soutenir le mouvement démocratique mais refuse d’autre part de s’engager dans des relations avec des groupes liés à la violence. Sans mentionner les Frères musulmans, M.Ereli a salué les élections en Egypte comme ayant permis une percée "historique" de l’opposition et des représentants indépendants au Parlement. "Nous pensons que cela aura un impact significatif sur la vie politique en Egypte. Et c’est positif", a indiqué Adam Ereli ajoutant qu’il s’agit d’un signal montrant que le pluralisme et la démocratie font leur chemin dans ce pays considéré comme le principal allié des Etats-Unis dans la région. Le porte-parole a toutefois rappelé que ces élections ont été entachées par des irrégularités et par de nombreux actes de violences, des harcèlements, des intimidations. "Il y a clairement des raisons d’être inquiet. Nous abordons ce sujet et nous continuerons à l’aborder avec le gouvernement égyptien à son plus haut niveau", a-t-il ajouté.